Revue générale
Prise en charge de l’insomnie en médecine du travailInsomnia and occupational medicine

https://doi.org/10.1016/j.admp.2009.01.006Get rights and content

Résumé

L’insomnie est parmi les troubles du sommeil les plus fréquents et le médecin du travail y est souvent confronté. En dehors des troubles du sommeil liés à des contraintes horaires spécifiques (travail de nuit ou travail posté), la prise en charge de cette plainte n’est pas aisée et bien souvent le médecin se trouve impuissant face au salarié. Toutefois, plusieurs outils d’évaluation et de suivi simples peuvent être proposés en consultation de médecine du travail. De plus, la recherche d’une origine ou d’un facteur favorisant professionnel doit faire systématiquement partie de la démarche du médecin dans le cadre de sa prise en charge.

Summary

Insomnia is one of the most common sleep disorders and occupational physicians are frequently confronted to this problem. Apart from sleep troubles related to night or shift work, the management of this complaint is not easy and physicians often feel helpless. However, several measures can be proposed to the workers to evaluate the severity and the repercussions of insomnia. An occupational origin must systematically be looked for by the physician in the presence of sleep disorders.

Introduction

De nos jours, de nombreuses situations de travail s’accompagnent de contraintes jouant sur les heures de sommeil et de repos.

Certaines enquêtes réalisées en milieu professionnel estiment que 20 à 40 % des salariés se plaignent d’un mauvais sommeil. Pourtant, ces troubles étaient jusqu’à présent peu pris en charge en médecine du travail, car bien souvent on considérait que le sommeil appartenait au domaine privé. Des liens avaient été établis depuis longtemps entre travail de nuit et troubles du sommeil, mais peu d’études étaient consacrées aux relations entre troubles du sommeil et travail de jour.

Or, l’insomnie peut concerner spécifiquement le travail, soit parce qu’elle entraîne des conséquences non négligeables sur le poste de travail lui-même (accidents ou erreurs en rapport avec une baisse de la vigilance, absentéisme), soit parce qu’elle trouve son origine dans les conditions de travail (charge physique ou mentale de travail importante, travail posté ou de nuit, décalage horaire, déplacements professionnels multiples…). De plus, les plaintes d’insomnie varient en fonction des groupes professionnels, ce qui suggère que certains aspects du travail en lui-même pourraient participer au développement et/ou à l’entretien des troubles du sommeil [1].

Il semble ainsi essentiel que le médecin du travail sache reconnaître et dépister une insomnie et la prendre en charge de façon adaptée, car l’insomnie semble être un signe de mauvaise insertion professionnelle.

Section snippets

Surveillance médicale et dépistage précoce des troubles

L’insomnie est un des troubles du sommeil les plus fréquents, qui concerne entre 15 et 20 % de la population générale selon les différentes études [2].

En France, la prévalence de l’insomnie est estimée dans la population adulte à 19 % et celle de l’insomnie sévère à 9 % [3]. Compte tenu de cette prévalence élevée, il semble normal que les salariés souffrent d’insomnie et que les médecins du travail soient ainsi fréquemment confrontés aux plaintes de mauvais sommeil au cours de leur exercice

Évaluer la plainte du salarié (sévérité et répercussions de l’insomnie)

La prise en charge d’une plainte de mauvais sommeil par le médecin du travail doit être tout d’abord clinique. Elle passe par un interrogatoire précis à la recherche des troubles du sommeil et de la vigilance et par l’examen clinique du salarié.

Selon la définition du DSM IV, l’insomnie est un trouble régulier du sommeil avec difficultés d’endormissement, éveils nocturnes et difficultés à se rendormir, réveil précoce ou sensation de mauvais sommeil. Les répercussions diurnes de l’insomnie

Rechercher une origine professionnelle ou un facteur professionnel aggravant

Les conditions de travail sont souvent rapportées par les insomniaques comme étant à l’origine de leurs troubles du sommeil [3]. Parmi les insomniaques chroniques, 40 % peuvent précisément donner une cause au début de leurs troubles. Pour 20 % d’entre eux, la cause est professionnelle : licenciement, conflit, surcharge de travail. Dans la population générale, les études retrouvent un doublement de la prévalence de l’insomnie sévère dans la tranche d’âge 25–34 ans, ce qui correspond à une grande

Règles d’hygiène du sommeil et amélioration des conditions de travail

La prise en charge de tous troubles du sommeil implique le rappel des règles simples d’hygiène du sommeil [18]. La visite médicale sera ainsi l’occasion de rappeler ces règles et conseils d’hygiène indispensables à une bonne qualité de sommeil. En effet, éviter les excitants (café, thé), privilégier des activités relaxantes le soir, dormir dans une chambre aérée, éviter un repas trop copieux ainsi que la consommation d’alcool au dîner sont des conseils à rappeler au salarié lors de chaque

Conclusion

Le sommeil est un bon indicateur de la tolérance au travail. Savoir interroger le salarié sur son sommeil ainsi que rechercher les causes professionnelles pouvant déclencher ou aggraver un trouble du sommeil sont indispensables dans la pratique courante en médecine du travail. En effet, l’insomnie est considérée comme l’un des facteurs prédictifs les plus significatifs de l’absentéisme au travail et comme le facteur prédictif majeur de la mauvaise perception du travail par le salarié 20, 21. Un

Références (21)

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