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Neurophysiologie clinique en psychiatrie : 1 – Techniques, vocabulaires et indications de l’électroencéphalographie conventionnelleClinical neurophysiology in psychiatry: 1 – Techniques, vocabularies and indications of conventional electroencephalogram

https://doi.org/10.1016/j.amp.2013.04.005Get rights and content

Résumé

L’électroencéphalogramme (EEG) conventionnel est un examen non invasif essentiel pour déterminer l’état physiologique et fonctionnel du cerveau. Il est un examen d’intérêt diagnostique dans les syndromes psychiatriques des maladies neurologiques et d’intérêt thérapeutique pour le suivi des effets iatrogènes possibles de certaines thérapeutiques psychiatriques : électroconvulsivothérapie (ECT), neuroleptiques (en particulier clozapine), lithium et antidépresseurs tricycliques. L’objectif de cet article est d’apporter un minimum de connaissances aux psychiatres, concernant le signal EEG et son origine, la particularité des techniques d’enregistrement en psychiatrie et son vocabulaire de description, afin qu’ils puissent indiquer cet examen et en comprendre le compte rendu dans leur pratique clinique quotidienne. La pertinence de la conclusion d’un EEG requiert une confrontation électroclinique qui nécessite du neurophysiologiste une bonne connaissance de la psychiatrie et du psychiatre une bonne connaissance de l’EEG. Cette complémentarité des approches associée à une accessibilité aisée de l’EEG en psychiatrie permettra à cet examen de garder une place essentielle pour une prise en charge de qualité des patients souffrant de troubles mentaux.

Abstract

Conventional electroencephalogram (EEG) is an essential non-invasive technique to determine the physiological and functional brain status. EEG is worthy of interest (i) for the diagnosis of neurological diseases in psychiatric syndromes and (ii) for the monitoring of possible iatrogenic effects of some psychiatric treatments: electroconvulsive therapy (ECT), antipsychotics (particularly clozapine), lithium and tricyclic antidepressants. The purpose of this article is to provide a basic knowledge to psychiatrists about the EEG signal and its origin, the special techniques used in psychiatry and EEG vocabulary description, in order to precise the best prescriptions of it and to understand the reports in their daily clinical practice. The relevance of the conclusion of an EEG requires an electro-clinical confrontation that involves a good knowledge of psychiatry by neurophysiologists and a good knowledge of EEG by psychiatrists. This complementary approach associated with an easy EEG accessibility in psychiatry allows this examination to keep an essential place for quality of health care of patients with mental disorders.

Introduction

Contrairement à d’autres techniques d’imagerie cérébrale structurale et fonctionnelle [26], l’électroencéphalogramme (EEG) conventionnel est un examen paraclinique sûr, non irradiant, facile à obtenir, bien toléré par les patients. Il reste un examen non invasif essentiel pour déterminer l’état physiologique et fonctionnel du cerveau. Il est utile pour éliminer un certain nombre de diagnostics différentiels d’organicité cérébrale en psychiatrie [13], [14], [33], mais permet également de surveiller les effets neurologiques secondaires de certaines thérapeutiques : électroconvulsivothérapie (ECT), neuroleptiques (en particulier clozapine), lithium et antidépresseurs tricycliques en particulier. C’est également un outil de recherche par ses variantes moins conventionnelles comme l’EEG quantifié [8], [17], [18] et potentiellement un outil thérapeutique avec l’EEG biofeedback [7], [21], [28]. Ces deux dimensions ne seront pas abordées ici.

L’objectif de cet article est d’apporter un minimum de connaissances aux psychiatres, concernant le signal EEG et son origine, la particularité des techniques d’enregistrement en psychiatrie et son vocabulaire de description, afin qu’ils puissent prescrire au mieux cet examen et en comprendre le compte rendu dans leur pratique clinique quotidienne. Comme le soulignait Ulrich, qui rappelait également que le psychiatre Hans Berger (1873–1941) fut le premier à enregistrer une trace EEG chez l’homme [2], l’intégration pleine et cohérente de l’EEG dans la pratique ne peut se développer en psychiatrie « qu’avec la participation de psychiatres cliniciens. La clinique psychiatrique doit redécouvrir l’EEG comme un outil qui lui appartient en propre ! » [34].

Section snippets

Le signal de l’électroencéphalogramme

L’EEG consiste à recueillir l’activité bioélectrique cérébrale au moyen d’électrodes placées sur le scalp [24], [37]. Une dérivation (ou canal) EEG enregistre l’évolution de la différence de potentiel liée à l’activité bioélectrique cérébrale au cours du temps entre deux électrodes posées sur le scalp. Un montage EEG est une organisation d’un ensemble de dérivations. Un EEG conventionnel utilise 21 électrodes. Le but du placement des électrodes est d’enregistrer l’EEG produit par les

Technique d’enregistrement

Un enregistrement EEG se déroule en deux phases : la pose des électrodes et le déroulement de l’examen avec des manœuvres de stimulation, plus généralement appelées manœuvres d’activation [10]. L’enregistrement d’un EEG dure 45 minutes à une heure, se déroule dans une pièce à la lumière tamisée, au calme, chez un patient en position demi-assise sur un fauteuil à dossier et accoudoirs ajustables, permettant un relâchement musculaire total. La pose des électrodes nécessite le décapage du cuir

L’électroencéphalogramme en pratique psychiatrique courante

L’EEG conventionnel joue un double rôle diagnostique et thérapeutique en psychiatrie [22]. Pourtant, le psychiatre ne tient qu’insuffisamment compte des anomalies EEG dans sa conduite diagnostique et thérapeutique [19].

L’EEG a un rôle complémentaire à l’imagerie cérébrale anatomique pour éliminer une pathologie organique cérébrale à expression syndromique psychiatrique [14], [26]. La conclusion de l’EEG est cependant, plus que l’imagerie, le reflet d’une confrontation électroclinique,

Conclusion

L’EEG conventionnel est un examen d’intérêt diagnostique dans les syndromes psychiatriques des maladies neurologiques et d’intérêt thérapeutique pour le suivi des effets iatrogènes possibles de certaines thérapeutiques psychiatriques. Selon notre expérience, et du moment que l’on reste attentif au vécu du patient, cet examen n’est pas plus difficile à réaliser en psychiatrie qu’ailleurs, et les tracés ne sont que très rarement ininterprétables (1 % à 2 %). Il est globalement bien toléré, même

Déclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

Remerciements

Nous remercions Adeline Surray et Estelle Pierard-Labadie, infirmières de l’unité, pour leur collaboration et leur participation à l’ensemble des thématiques développées au sein de l’UNPN.

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