Développement professionnel continu
Le boucher du Prince Wen-houei. De l’art médical du recueil sémiologique valide en psychiatrieThe dexterous butcher of Prince Wen-hui. Some elements on the medical art of valid semiologic psychiatric collection

https://doi.org/10.1016/j.amp.2016.03.009Get rights and content

Résumé

Le recueil sémiologique en psychiatrie nécessite : un cadre conceptuel dans lequel les termes sémiologiques sont recueillis et organisés d’une manière cohérente et une pratique clinique permettant d’acquérir les compétences nécessaires au cours de l’entretien avec un patient. Les symptômes concernent différentes dimensions de l’expérience vécue et des conduites du patient. Les symptômes sont donc particulièrement liés à la situation dans laquelle le sujet vit. Ainsi le médecin, pour recueillir ces symptômes, devra s’intéresser de manière attentive à cette situation de vie afin de recueillir une sémiologie valide. Cet intérêt et attention ne s’improvisent pas. Un ensemble de compétences relationnelles sont nécessaires au cours de l’entretien afin d’obtenir la confiance du sujet. La mise en confiance du patient passera par un processus appelé « engagement ». Ce processus d’engagement conduit à ce qui est traditionnellement appelé une alliance (qui est donc le résultat du processus d’engagement). Afin de réussir le processus d’engagement, le médecin devra essayer de répondre à quatre questions que le patient pourrait se poser : ce médecin me comprend-il ? Ce médecin me juge-t-il ? Ce médecin est-il sympathique ? Ce médecin est-il compétent ? À chacune de ces questions correspond une compétence relationnelle de la part du médecin : l’empathie, le sentiment de sécurité, l’authenticité, la compétence. Cet article présentera ces quatre éléments dans le cadre d’un modèle médical pratique permettant un recueil sémiologique valide.

Abstract

The semiologic collection requires in psychiatry: a conceptual framework in which the semiologic terms are collected and organized in a consistent way and a clinical practice to acquire the necessary skills during the interview with a patient. Symptoms affect different dimensions of the patient's experience and behavior. The symptoms are particularly associated with the situation in which the subject lives. Thus, to collect valid symptoms, the physician should be attentively interested to this situation of life. This interest cannot be improvised. A set of interpersonal skills is required during the interview to obtain the confidence of the subject. The building of patient confidence is a process called “engagement”. This engagement process leads to what is traditionally called an alliance (which is the result of the engagement process). In order to succeed the engagement process, the physician will try to answer 4 questions that the patient might ask: does this doctor understand me? Does this doctor judge me? Is this doctor friendly? Is this doctor competent? Each of these issues is a relational competence of the physician: empathy, sense of security, authenticity, and competence. This article will introduce these four elements as part of a practical medical model to a valid semiologic psychiatric collection.

Introduction

Le recueil sémiologique en psychiatrie nécessite : un cadre conceptuel dans lequel les termes sémiologiques sont recueillis et organisés d’une manière cohérente [10], [12] et une pratique clinique permettant d’acquérir l’expérience et les compétences nécessaires au cours de l’entretien avec un patient (Fig. 1). Néanmoins, cette formation pratique de la conduite de l’entretien clinique est laissée le plus souvent à la seule initiative des étudiants en médecine. Ainsi, ces derniers sont bien souvent amenés à se former par mimétisme au sein des services de stage clinique, sans cadre pédagogique spécifique et sans évaluation claire des pratiques [13], [17].

Dans le cadre d’un raisonnement médical, un savoir sémiologique est nécessaire pour rechercher les signes et symptômes qui permettent au clinicien de définir des syndromes, puis de poser un diagnostic de trouble. La sémiologie nécessite en particulier de connaître un vocabulaire médical spécifique [10].

Associé à ce savoir sémiologique, un savoir pratique est nécessaire pour permettre au médecin de recueillir une sémiologie valide. Un signe est une observation clinique objective qui s’obtient le plus souvent par l’examen du patient, après que son consentement a été recherché. Un symptôme est une description d’une expérience subjective par le patient qui s’obtient par l’interaction avec un patient, dont le consentement a été recherché pour l’entretien, mais surtout dont l’engagement personnel pour raconter son problème de santé a été obtenu.

En psychiatrie, les symptômes concernent différentes dimensions de l’expérience vécue et des conduites du patient [10]. Les symptômes sont donc étroitement liés à la situation dans laquelle le sujet vit. Ainsi le médecin, pour recueillir ces symptômes, devra également s’intéresser de manière attentive à cette situation de vie afin de recueillir une sémiologie valide [7]. Il s’agit d’un savoir pratique pour lequel l’étudiant en médecine devra développer un ensemble de compétences relationnelles au cours de l’entretien afin d’obtenir la confiance du sujet, nécessaire pour qu’il puisse évoquer son histoire de vie et son problème de santé l’ayant conduit à une consultation en psychiatrie [9]. Ce n’est que lorsque le sujet racontera librement ses problèmes de santé dans sa situation propre que le médecin pourra recueillir des symptômes sémiologiques valides. La mise en confiance du patient passera par un processus appelé « engagement ». Au cours de ce processus, le médecin doit porter certes une attention au contenu de l’examen mais surtout au déroulement de l’entretien afin de permettre le développement progressif d’un sentiment de confiance permettant au patient de se sentir plus libre de confier ses problèmes.

Dans ce contexte, l’objectif de cet article est de rappeler les définitions d’un recueil sémiologique valide, de décrire un modèle médical pratique afin de parvenir à ce recueil, et de détailler les compétences relationnelles requises du médecin pour un tel recueil. Cet article est librement inspiré du manuel pédagogique de référence de S.C. Shea [17] et du synopsis de H. Kaplan et B. Sadock [7]. Il s’agit d’un travail de synthèse pratique, où le propos y a été adapté afin de l’harmoniser à nos précédents articles didactiques [10], [11], [12] et au référentiel de formation des étudiants du deuxième cycle des études médicales [1].

Section snippets

Validité du recueil sémiologique en psychiatrie : fiabilité et pertinence

En santé, la validité s’explore par deux concepts : la fiabilité et la pertinence [5].

La fiabilité consiste à s’arranger pour qu’un même recueil sémiologique posé par deux médecins, ou par un même médecin mais à deux moments différents, ne diffère pas devant une même situation clinique [4], [8]. Ainsi, la fiabilité permet de s’assurer que le recueil sémiologique obtenu n’est pas lié au hasard. La pertinence consiste à s’assurer que le recueil sémiologique correspond bien à l’expérience vécue et

Modèle médical pour un recueil sémiologique en psychiatrie

Le consentement du patient pour l’entretien est la première étape à obtenir pour recueillir des symptômes [19]. Mais un recueil sémiologique valide nécessite une deuxième étape qui implique un processus d’engagement avec le patient qui sera conduit ainsi avec confiance à raconter son problème de santé. Ce processus d’engagement conduit à ce qui est traditionnellement appelé une alliance (qui est donc le résultat du processus d’engagement) [17]. Consentement et alliance sont à rechercher, même

Compétence médicale relationnelle pour un recueil sémiologique psychiatrique

Le processus d’engagement aboutissant à une alliance réussie et le plus souvent à un recueil sémiologique valide est déterminé par la manière dont le médecin posera les questions et la manière dont il se comportera plus généralement (au niveau verbal et non verbal). Afin d’aider le médecin à s’ajuster au mieux au patient et à réussir le processus d’engagement, celui-ci pourrait essayer de répondre à quatre questions que généralement le patient se pose lorsqu’il va voir un médecin (mais qui

Conclusion

L’entretien médical psychiatrique doit conduire à la « formulation de cas clinique » dans le cadre d’une nosographie établie et d’une thérapeutique validée. Comme le souligne le DSM-5 lui-même, il s’agit d’« une classification médicale des troubles, et en tant que telle, il doit être conçu comme un schéma cognitif historiquement déterminé, appliqué sur l’information clinique et scientifique, en vue d’améliorer sa compréhension et son utilité » [2]. Dans cette perspective, l’entretien clinique

Déclaration de liens d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

Références (19)

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Cited by (3)

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