Elsevier

Archives de Pédiatrie

Volume 15, Issue 2, February 2008, Pages 170-178
Archives de Pédiatrie

Actualités scientifiques
Place de l’axe corticotrope dans le développement de l’obésité abdominaleInvolvement of hypothalamopituitary adrenal axis in abdominal obesity

https://doi.org/10.1016/j.arcped.2007.10.022Get rights and content

Résumé

Dans le contexte épidémique mondial, la progression de l’obésité abdominale, liée au développement préférentiel du tissu adipeux viscéral, tient une place à part car elle participe directement à l’apparition des complications métaboliques. À partir de l’observation de la présence d’une obésité abdominale lors d’un syndrome de Cushing, de nombreuses études ont été réalisées pour préciser la place de l’axe corticotrope dans son développement. Nous proposons ici de voir ces données avant d’aborder notre expérience concernant les modifications d’activité de l’axe corticotrope en fonction de la distribution de la masse grasse chez les enfants obèses impubères.

Summary

Obesity is increasing worldwide. Abdominal obesity, which is due to the development of visceral adipose tissue, leads to metabolic disorders. Because abdominal obesity is associated with Cushing syndrome, many studies have been performed to find out how the hypothalamopituitary adrenal axis is involved in this disorder. Here, we propose to review these data before giving our experience on changes in hypothalamopituitary adrenal axis activity regarding fat mass distribution in prepubertal children.

Introduction

La prévalence de l’obésité de l’adulte et de l’enfant augmente dans la plupart des pays occidentaux [1]. Elle est définie chez l’adulte par un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 30 kg/m2, valeur au-dessus de laquelle les complications métaboliques et la mortalité cardiovasculaire augmentent significativement. Compte tenu de la variation physiologique de l’IMC en fonction de l’âge et du sexe de l’enfant, la définition de l’obésité en pédiatrie est épidémiologique. En France, l’obésité de degré 1 correspond à un IMC supérieur au 97e percentile ; l’obésité de degré 2 correspond à un IMC supérieur à la courbe de référence internationale [2]. Chez le sujet adulte, il est classique de définir 2 types d’obésité en fonction de la répartition de la masse grasse (MG): obésité viscérale ou abdominale ou centrale correspondant au développement préférentiel du tissu adipeux dans la partie supérieure du corps et obésité sous-cutanée ou périphérique correspondant au développement préférentiel du tissu adipeux au niveau des hanches [3].

Lors d’un excès de sécrétion de cortisol (syndrome de Cushing, corticothérapie au long cours), une obésité de type abdominal se développe. Cette observation suggère que l’axe corticocotrope puisse jouer un rôle dans le développement de l’obésité viscérale 4, 5. De nombreuses études ont été réalisées sur ce sujet. Certaines portent sur le niveau de production du cortisol, l’activité de l’axe corticotrope et sa régulation hypothalamohypophysaire. D’autres plus récentes concernent la biodisponibilité et l’action périphérique du cortisol : études sur la protéine de transport du cortisol CBG (cortisol-binding globulin), études du métabolisme périphérique du cortisol par l’enzyme 11-beta hydroxystéroide deshydrogénase, études du gène du récepteur aux glucocorticoïdes. Nous proposons ici de revoir ces données avant d’aborder notre expérience concernant les modifications d’activité de l’axe corticotrope en fonction de la distribution de la masse grasse chez les enfants obèses impubères.

Section snippets

Obésité abdominale et facteurs de risque cardiovasculaire

En cas d’obésité, la MG se répartit au sein du tissu adipeux sous-cutané et du tissu adipeux viscéral. La distribution de la MG est influencée par des facteurs génétiques qui sont différents de ceux déterminant la MG totale [6]. Les méthodes de référence pour évaluer cette répartition de la MG sont la tomodensitométrie et l’imagerie par résonance magnétique nucléaire (IRM). À partir d’une coupe au niveau des vertèbres L4–L5, ces examens précis permettent de mesurer la masse grasse viscérale

Hyperactivité de l’axe corticotrope

L’hyperactivité de l’axe corticotrope a été démontrée chez le rat Zucker obèse homozygote pour une mutation du gène du récepteur de la leptine. Comparé aux rats Zucker de poids normal (hétérozygotes pour la mutation), les rats Zucker obèses présentent une augmentation de la taille des surrénales, une diminution de la sensibilité hypophysaire à la corticostérone (glucocorticoïde équivalent au cortisol chez le rongeur) et une corticostéronémie matinale plus élevée [16].

Chez l’homme adulte,

Activité et réactivité de l’axe corticotrope en fonction de la distribution de la graisse chez les enfants obèses impubères

Peut-être à cause du rôle connu des hormones sexuelles sur la distribution de la MG, celle-ci a été peu étudiée chez l’enfant obèse impubère. Dans ce contexte, nous avons eu l’occasion de mener une étude de recherche clinique explorant les modifications d’activité et de réactivité de l’axe corticotrope en fonction de la distribution de la masse chez l’enfant obèse impubère [47]. Quarante-cinq enfants strictement impubères (S1P1 ; G1P1), âgés de 6 à 10 ans pour les filles et de 6 à 12 ans pour

Conclusions et perspectives

La compréhension du développement de l’obésité abdominale est essentielle dans un contexte d’épidémie mondiale car elle pourrait conduire à de meilleures actions de prévention ou à la définition de nouvelles cibles thérapeutiques. L’axe corticotrope est impliqué dans le développement de l’obésité abdominale, probablement à plusieurs titres (fig. 2). Son activité peut favoriser la constitution de celle-ci, comme le montrent les études de surexpression de la 11ßHSD1 dans le tissu adipeux de la

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