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Al-kindī, vues sur le temps

Published online by Cambridge University Press:  24 October 2008

Jean Jolivet
Affiliation:
École Pratique des Hautes Études, Section des Sciences Religieuses, Sorbonne, 45 rue des Écoles, 75005 Paris, France

Abstract

Al-Kindī's views concerning time are dispersed in different places in his works, but they are to be found principally in his On First Philosophy and De quinque essentiis (Sermo de tempore). Yes, he does follow Aristotle, but he insists on the homogeneity of the instant and of time; he also distances himself from the Philosopher by denying the eternity of the world a parte ante as well as a parte post. On the other hand, in his accounts of the realization of possible things and of the organization of the cosmos, he presents certain views that sometimes tend toward the principle of plenitude, and sometimes toward the doctrine of the best possible world, and here one can discern a principle that is distinctly theological.

C'est en des endroits dispersés de son œuvre mais principalement dans le Livre de la philosophie première et dans le De quinque essentiis (Sermo de tempore) qu'al-Kindī expose ses vues sur le temps. II y suit certes Aristote mais en insistant sur l'homogénéité de l'instant et du temps; il se sépare du Philosophe en niant que le monde soit éternel, tant a parte ante qu'a parte post. D'autre part il expose sur la réalisation des possibles et sur l'organisation du cosmos des vues qui inclinent tantôt vers le principe de plénitude tantôt vers la doctrine du meilleur des mondes; on peut y discerner un principe spécifiquement théologique.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Cambridge University Press 1993

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References

* La majeure partie des citations d'al-Kindī renvoient à l'édition Abū Rīda de ses “épîtres philosophiques”: Rasā'il al-Kindī al-falsafiyya (Le Caire, 1369/1950) t. I, (1372/1953) t. II; seconde édition, partielle, du tome I (Le Caire, 1978). Lesréféreneces sont données par la double indication du tome et de la page, avec le cas échéant la page de la seconde édition entre parenthèses; exemple: I, 101 (31).Google Scholar

1 I, 101 (31).

2 Plotinus apud Arabes, éd. 'A. Badawi (Le Caire, 1955), p. 6.Google Scholar

3 I, 104 (35).

4 I, 102–3 (32–4).

5 Éd. H. Ritter – R. Walzer (Rome, 1938), p. 32 (trad. italienne, p. 48);Google Scholar éd. dans, BadawiGoogle Scholaridem, Rasā'il falsafiyya li-l-Kindī wa al-Fārābī wa Ibn Bāgga wa Ibn 'Adī (Beyrouth, 1400/1980), p. 7.

6 I, 278; texte très voisin dans Siğistānī, , Siwān al-ḥikma, éd. Badawi, (Téhéran, 1974), p. 284;Google Scholar éd. Dunlop, D.M. (La Haye, Paris et New York, 1979), p. 114.Google Scholar

7 I, 116–17 (49–51); voir, Ép. sur l'unicité de Dieu et la finitude du corps du monde, I, 203 (159–60).Google Scholar

8 I, 220, 224, 225.

9 I, 122 (57).

10 I, 117 (50–1); Aristote, voir, Physique, IV, 12, 220 b 1416: “Nous mesurons non seulement le mouvement par le temps, mais aussi le temps par le mouvement, parce qu'ils se déterminent réciproquement” (trad.Carteron).Google Scholar

11 I, 220.

12 I, 120 (55); 196 (151); 204, 205 (161).

13 I, 167 (115). Cette dernière claused paraît absente de l'œuvre connue de Kindī; en revanche la phrase entière figure comme définition du temps dans les Muqābasāt de Tawḥīdī [Muq. 91, éd. 'Alī, Šalaq (Beyrouth, 1986), p. 214].Google Scholar

14 I, 205 (162).

15 II, 8–35 (le latin est en pages impaires, la rétroversion arabe en pages paires); c'est une reprise de l'éd. d'A. Nagy (Münster. 1897).Google Scholar

16 Notre traduction du mot instans demande explication. Le mot français qui se présente de lui-même est “instant,” mais il suggère ou du moins n'exclut pas l'idée d'un infinitésimal; “moment” ne signifie pas assez précisément le présent. L'adverbe “maintenant,” que nous prenons la liberté de substantiver, désigne assez bien un intervalle entre le passé et l'avenir sans préjuger de son caractère ponctuel ou non; on verra plus loin que cette précision a son importance.Google Scholar

17 Comprehendit; Abü Rīda traduit par yasil (II, 35 et 34).Google Scholar

18 On sait que pour Aristote, que Kindī suit apparemment dans ce texte, 1e nombre relève de la quantité discontinue; la continuité qui lui est attribuée ici lui vient sans doute de celle du temps et en dernière instance de celle du mouvement; en soi elle n'en est pas moins problématique.Google Scholar

19 II, 35.

20 Simplicii in Aristotelis Physicorum libros quattuor priores Commentaria, éd.Google Scholardans, H. DielsCommentaria in Aristotelem Graeca, edita consilio et auctoritate Academiae Litterarum Regiae Borussicae (Berlin, 18911909), IX (1882), p. 72222–34Google Scholar, commentant Physique, 219 b 10 et suiv.

21 Ibid., p. 72631–72734, commentant Physique, 220 a 4 et suiv.

22 Ibid., p. 80010–11.

23 Sorabji, R., Time, Creation and the Continuum (Londres, 1983), chap. 5.Google Scholar

24 I, 119 (54).

25 I, 117–19 (50–4); voir aussi Ép. sur la quiddité de ce qui ne peut être infini et de ce qu'on dit infini, I, 197 (152).Google Scholar

26 I, 120 (54).

27 I, 120 (54–5); voir Ép. sur l'unicité de Dieu et la finitude du corps du monde, I, 204–5 (160–2).

28 Cette preuve par la composition n'est pas facile à interpréter, comme on peut le voir d'après les analyses qu'en a faites successivement Davidson, H.A., Journal of the American Oriental Society, 89 (1969): 357–91, pp. 370–3,CrossRefGoogle Scholardans, puis son livre de 1987 Proofs for Eternity, Creation and the Existence of God in Medieval Islamic and Jewish Philosophy (New York), pp. 112–15. Il la met en rapport avec une preuve de la non-éternté du monde par la puissance finie d'un corps fini, qu'on lit chez Jean Philopon; il suppose - hardiment - que Kindī s'en est mal souvenu ou l'a mal comprise; il écrit aussi, pour ce qui concerne le début du développement d'ensembie, qu'il aurait été plus simple de raisonner directement sur le temps sans passer par la fimtude des (sic) corps. En fait, aussi bien la preuve de la finitude du temps par son accidentalité à l'égard du corps du monde, que la preuve par la composition du corps, ont pour présupposé métaphysique ou théologique la dépendance et la difference radicales de toute existence créée par rapport à l'Un Vrai à qui est étrangère toute pluralité et toute durée; ainsi le concept d'extension en ses diverses modalités va au delà des catégories physiques, l'extension spatiale et/ou temporelle étant le lieu de l'existence finie.Google Scholar

29 I, 121 (55–6); voir, l'Ép. cur l'unicité de Dieu…, I, 205–6 (162–3).Google Scholar

30 I, 121–2 (56–7); voir, l'Ép. sur l'unicité de Dieu…, I, 206–7 (163): ce qui est dans la Philosophie première une conclusion y est suivi d'une inférence qui va de l'instauré (muhdat) à l'instaurateur (muḥdit) dont l'unicité est ensuite démontrée.Google Scholar

31 Davidson (cité n. 28); nos analyses ne sont pas exactement parall`les aux siennes, nos objets respectifs étant différents. aussi, VoirPhiloponus, Against Aristotle On the Eternity of the World, transl. by Wildberg, C. (Londres, 1987), pp. 144–5 (= Simplicius (cité n. 20), p. 1179)Google Scholar et Sorabji, Time, Creation and the Continuum (cité n. 23), chap. 14.Google Scholar

32 Maḥdūd, limité, déterminé, défini.

33 I, 122 (57–8); on en retrouve le résumé ou plutôt le résultat chez Ḥazm, Ibn, al Fiṣal fi al-milal, éd. al-fikr, de Dār (Beyrouth, 1400/1980), I, p. 14.Google Scholar

34 Troupeau, G., “Un épitomé arabe du ‘De contingentia mundi’ de Jean Phiopon,” Lucchesi, dans E. et Saffrey, H. D. (éd.), Mémorial André-Jean Festugière (Genève, 1984), pp. 7788 (édition, pp. 79–83; traduction, pp. 84–8);Google Scholar

Pines, S., “An Arabic summary of a lost work of John Philoponus,”Google Scholar dans idem, Collected Works (Jérusalem, 1986), vol. II, pp. 294–352 (traduction, pp. 295–311).

35 I, 207 (163).

36 Ces deux ouvrages, plus l'Ép. sur la démonstration de la finitude du corps du monde et l'Ép. sur l'unicité de Dieu et la finitude du corps du monde, constituent une famille de textes, la 2e édition des Rasā'il les contient tous quatre.Google Scholar

37 I, 197–8 (152); au lieu d'“essence éternelle” (azaliyya) on peut lire “principielle” (awwaliyya), mais alors la phrase est redondante et c'est à juste titre que l'éditeur a préféré la première lecture.Google Scholar

38 I, 101 (31) et 161 (105).

39 I, 118 (53).

40 I, 375; éd. Guidi, I. - Walzer, R. (Rome, 1940), p. 397 (trad. italienne, p. 412).Google Scholar

42 I, 372–3; éd.Guidi-Waizer, pp. 395–6 (409–10).Google Scholar

43 I, 102 (32–3).

44 I, 231.

45 Éd. Ritter–Waizer, p. 32 (p. 49); éd. Badawi, p. 8.Google Scholar

46 I, 257.

47 I, 257.

48 I, 377. Les “corps du monde” sont évidemment les sphères.Google Scholar

49 I, 259.

50 Wildberg, Voir (cité n. 31), pp. 77, 83.Google Scholar

51 I, 118 (52).

52 Timée, 29 d-e; trad. Brisson, L. (Paris, 1991).Google Scholar

53 Lovejoy, A.O., The Great Chain of Being (Cambridge, Mass., 1950), p. 52.Google Scholar Noter que Hintikka, selon J. [Time and Necessity. Studies in Aristotle's Theory of Modality (Oxford, 1973), p. 95Google Scholar] Lovejoy est doublement dans l'erreur en attribuant à Platon le principe de plénitude et en le refusant à Aristote; en fait Lovejoy désigne dans Aristote un autre aspect du principe: la continuité sans faille dans la hiérearchie des espèces (The Great Chain of Being, p. 55 et suiv.).Google Scholar

54 Galeni Compendium Timaei Platonis, éd. Kraus, P. - Walzer, R. (Londres, 1951), p. 5 (trad. latine pp. 9–10).Google Scholar

55 Hintikka, Time and Necessity (cité n. 53), p. 106; noter que cette formulation résulte d'une analyse de la théorie aristotélicienne du mouvement.Google Scholar

56 I, 237. Selon l'Ép. des définitions l'impossible est “la réunion de deux contradictoires (mutanāqidayn) dans une chose en un même temps, une même partie, et sous un même rapport”; I, 169 (118).Google Scholar

57 I, 259 (lapsus probable dans le texte arabe);Google Scholar pour le Vrai, , agent du vrai, voir Philosophie première: “le Vrai Premier est la cause de tout vrai”; I, 98 (30).Google Scholar

58 Hintikka, Time and Necessity (cité n. 53), p. 96.Google Scholar

59 I, 236.

60 I, 237.

61 'alā qadr al-aslah, en suivant l'émendation d'Abū Rīda (le manuscrit a qudra).Google Scholar

62 la remarque, Voir d'Abū Rīda, I, 31.Google Scholar

63 I, 215.

64 Voir I, 258 où les végétaux et les animaux (al-hart wa al-nasl) apparaissent au dernier rang de l'ordre cosmique, placés toutefois, avec les sphères célestes (al-ašḥās al-'āliya) dans la catégorie de “substance douée d'une âme” (ğawhar nafsānī).Google Scholar

65 Jolivet, Voir J., “L'action divine selon al-Kindī,” Mélanges de l'Université Saint-Joseph, 50 (1984): 311–29.Google Scholar

66 I, 102–3 (32–4).

67 I, 104 (35).

68 Kitāb al-milal wa al-nihal, éd. Badrān, , 2 vol. (Le Caire, 1951 et 1955), I, p. 74; trad.Google ScholarShahrastani, française dans, Livre des religions et des sectes, I, trad. Gimaret, D. et Monnot, G., Collection Unesco d'œuvres représentatives. Série arabe, (Leuven, 1986), pp. 195–6Google Scholar. Sur les rapports entre l'investigation rationnelle et la révélation selon les mu'tazilites et les philosophes Mahdi, voir M., “Philosophie d'Aristote et pensée politique dans la communauté islamique: réflexions et comparaisons,” Sinaceur, dans M.A. (éd.), Penser avec Aristote (Toulouse, 1991), pp. 209–25 (223–4)Google Scholar