Article originalCaractéristiques d’une population adolescente en fonction de son lieu de consultation : comparaison entre un service de psychiatrie adulte et un service de psychiatrie infanto-juvénileCharacteristics of an adolescent population under care according to its place of consultation: Comparison between an adult psychiatric department and a department of child psychiatry
Introduction
La prise en charge des adolescents suscite un engouement peu démenti depuis plusieurs années entraînant l’ouverture de structures qui leur sont spécialement dédiées. Mais jusqu’au siècle dernier les adultes et les enfants, les délinquants et les « fous » recevaient la même prise en charge. La loi du 30 juin 1838 met fin aux décisions d’internement arbitraire et souligne que des quartiers spécifiques doivent être dévolus aux enfants qui restent néanmoins au sein des asiles généraux. Les enfants délinquants, « idiots ou arriérés » et « fous » sont internés ensemble. Parmi les premiers, Bourneville (1840–1909, fondateur de la Fondation Vallée) se préoccupe d’améliorer l’accueil des enfants hospitalisés. Jusqu’au milieu du xxe siècle, les mineurs sont accueillis de manière indistincte en prison ou en hôpital psychiatrique, des « séjours d’isolement » restant autorisés par l’arrêté du 3 août 1950. Les soins psychiatriques pour enfants et adolescents se mettent en place sur le modèle de ceux pour adultes par la circulaire du 15 mars 1960. La circulaire du 16 mars 1972 instaure un hôpital de rattachement pour chaque intersecteur. Les critères d’âge sont fréquemment évoqués pour déterminer le lieu de soin d’un adolescent. La limite de 15 ans et trois mois ne correspond à aucune loi mais relève d’une circulaire interne de l’Assistance publique pour délimiter la prise en charge en service de pédiatrie. La seconde limite évoquée, celle des 16 ans, est extraite d’un décret du 14 mars 1986, reprenant des éléments d’une circulaire du 13 septembre 1961. La circulaire du 11 décembre 1992 précise que le décret du 14 mars 1986 « fixe à 16 ans la limite d’âge inférieure pour les personnes susceptibles de faire appel au secteur de psychiatrie générale » mais « ne délimite pas précisément la tranche d’âge des enfants et adolescents auxquels les secteurs de psychiatrie infanto-juvénile offrent des soins et des services » et insiste sur le fait « qu’il fait partie intégrante (de leur) mission (…) de répondre aux besoins de santé mentale des adolescents, quel que soit leur âge » [1]. Ainsi l’organisation en secteur des structures psychiatriques et les imprécisions dans les tranches d’âge délimitant leurs champs d’action amènent la population adolescente à pouvoir bénéficier de soins au sein des deux types de services : infanto-juvéniles et adultes.
Le secteur géographique concerné par cette étude, un arrondissement de Paris, est couvert par deux services de psychiatrie adulte (qui se partagent l’arrondissement) et un service infanto-juvénile. Nous avons réalisé une étude descriptive rétrospective sur dossier comparant la population de patients adolescents selon son lieu de consultation. Nous souhaitions savoir si sur un même lieu géographique, couvrant une tranche d’âge commune — les 16 à 18 ans — les adolescents consultant en psychiatrie adulte étaient différents de ceux suivis en secteur infanto-juvénile en termes de pathologie psychique, d’antécédents d’hospitalisation psychiatrique, de scolarité et de prise en charge thérapeutique. Pouvions-nous distinguer deux populations ou est-ce que nous traitions finalement les mêmes patients ?
La littérature portant sur les consultations des adolescents est abondante mais porte essentiellement sur la prise en charge thérapeutique ; il existe un article descriptif sur l’accueil des adolescents dans un centre médicopsychologique (CMP) infanto-juvénile datant de 1986 par Renard et al. [2]. Les objectifs de l’étude étaient de connaître les facteurs influençant le mode d’arrivée, la proposition thérapeutique et le succès de la prise en charge d’une population adolescente d’un centre médico-psychologique reçue sur cinq années.
Il n’y a pas, à notre connaissance, d’article publié en France comparant les populations adolescentes prises en charge dans des structures de psychiatrie adulte et infanto-juvénile.
Section snippets
Description des structures ambulatoires au sein du secteur
L’accueil des adolescents sur le secteur géographique du 16e arrondissement de Paris se fait :
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pour le secteur infanto-juvénile sur un CMP et une antenne de consultation ambulatoire qui accueillent les patients scolarisés ou domiciliés sur l’arrondissement jusqu’à l’âge de 18 ans ;
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pour le secteur adulte, il existe deux services de psychiatrie dont l’un possède en son sein une antenne spécifiquement dédiée : l’accueil pour adolescents et jeunes adultes (AAJA) qui reçoit les patients âgés de 16 à 23
Résultats
Durant l’année civile 2008, les deux services ont reçu en consultation 184 adolescents âgés de 15 à 20 ans. Cent douze ont consulté dans le service de pédopsychiatrie et 72 dans le service adulte qui leur est spécifiquement dédié. Cent soixante-dix-huit adolescents ont été finalement inclus dans l’étude, 106 en pédopsychiatrie et 72 dans le service adulte.
Discussion
Depuis les années 1970, on assiste à l’essor de structures spécifiquement dédiées aux adolescents. Faut-il pour autant penser que la prise en charge des adolescents est toujours identique ? Ou dépend-t-elle du contexte et de l’histoire de la structure à l’initiative de cette prise en charge ? Faut-il continuer à développer des structures spécifiques pour les adolescents ou peuvent-ils être accueillis indifféremment dans les services de psychiatrie adulte et de pédopsychiatrie ?
Pour Baldacci,
Conclusion
Notre étude descriptive rétrospective a montré que les adolescents consultants en psychiatrie adulte sont plus âgés que ceux consultant en pédopsychiatrie, ils souffrent plus souvent de troubles de l’humeur et de difficultés liées à l’entourage, ils bénéficient plus souvent d’un traitement médicamenteux et moins souvent d’une psychothérapie. Ces résultats n’ont porté que sur un secteur géographique (un arrondissement de paris), des études complémentaires et prospectives permettraient de
Déclaration d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.
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