Le sociologue et l’insécurité
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Le grand renversement
La thématique contemporaine de l’insécurité a commencé à se mettre en place en France au milieu des années 1970. Jusque-là, les menaces principales pesant sur l’ordre public étaient plutôt associées par les responsables politiques aux risques de guerre civile, ou de dérives vers le terrorisme des « années de plomb », elles correspondaient à un climat où pesait lourd, politiquement et socialement, le couple gauchisme/antigauchisme, un antigauchisme qu’incarnait parfaitement et fébrilement, le
Disqualification et compassion
Dix ans plus tard, vers la fin des années 1980 et au début des années 1990, le sentiment d’insécurité est devenu un thème majeur. Il est en bonne part porté par des parties de la population qui sont celles que je commence alors à étudier sous un tout autre angle, celui du racisme. Car là où le Front national capitalise des peurs, des frustrations, des difficultés sociales réelles, mais aussi le sentiment d’une perte de l’identité nationale et de carences croissantes des institutions, mes
« Républicains » et « Démocrates »
Vers la fin des années 1980, au moment où s’achevait mon programme de recherches sur le terrorisme, la France, secouée par l’affaire dite « du foulard », était agitée par de nouveaux débats, dans lesquels s’opposaient, selon la terminologie de Régis Debray, des « Républicains » et des « Démocrates ». Les premiers défendaient, selon lui, les valeurs fondamentales de la République, l’idée que l’espace public ne doit être ouvert qu’à des individus libres et égaux en droit, les seconds n’étaient
Un consensus politique
Arrivée aux affaires en 1981, la gauche a évolué de manière finalement spectaculaire. Elle commence par admettre assez vite la gravité de l’accroissement de la délinquance et des violences urbaines et même, d’une certaine façon, à s’approprier la notion d’insécurité. En 1989, Pierre Joxe, ministre de l’Intérieur, crée l’IHESI (Institut des hautes études de sécurité intérieure), qu’il dote d’une revue, Les cahiers de la sécurité intérieure et en 1997, Lionel Jospin, le nouveau Premier ministre,
Le chercheur et les politiques
Les chercheurs en sciences sociales connaissent bien ces questions, et ne les esquivent pas entre eux. Mais leurs analyses, même contradictoires n’informent que peu et mal la vie proprement politique. Il m’est souvent arrivé de présenter le fruit de mes recherches à des acteurs politiques, à divers niveaux de responsabilité, en public et en privé. Ainsi, à l’issue des recherches ayant abouti au livre Violence en France, j’ai fait l’effort d’essayer d’en tirer quelques idées concrètes qui
Conclusion
Si je devais résumer sommairement le cheminement de ce texte, je dirais qu’il commence avec les mouvements sociaux, qu’il se prolonge avec l’évocation de leur marque ou de leur présence en creux, dans les antimouvements sociaux que constituent, d’une certaine façon, le terrorisme et le racisme, pour aboutir à une participation jamais enthousiaste au débat actuel sur l’insécurité.
La thématique de l’insécurité est dans l’ensemble étrangère à une sociologie de l’action, elle s’intéresse à un
Références (16)
Mesurer la délinquance juvénile
Regards sur l'actualité
(1998)La galère
(1987)- et al.
On a raison de se révolter
(1974) Immigrations : le devoir d'insertion
Rapport du Commissariat général au Plan
(1988)Les casseurs de la République
(1997)Attitudes versus actions
Social Forces
(1934)- et al.
Du côté des victimes
Un autre regard sur la délinquance
(1995) La délinquance des jeunes
(2001)