Article original
Retrait préventif du travail, exposition aux contraintes psychosociales au travail et symptômes dépressifs majeursPreventive withdrawal from work, psychosocial work demands and major depressive symptoms

https://doi.org/10.1016/j.respe.2015.09.008Get rights and content

Abstract

Aim

Our study objectives were as follows: assess exposure to psychosocial work demands among working pregnant women and women on preventive withdrawal from work; and measure the association between psychosocial work demands and major depressive symptoms, according to time of withdrawal from work.

Methodology

Karasek's abbreviated scale was used to measure psychosocial work demands (Job strain and “Iso-strain”) and CES-D scale (Center for Epidemiological Studies Depression Scale) was used to measure major depressive symptoms (CES-D score  23), at 24–26 weeks of pregnancy, among 3043 pregnant women in Montreal (Quebec) who worked at paid jobs at least 15 h/week and at least four consecutive weeks since the beginning of their pregnancy. Multivariate logistic regression models were built.

Results

At 24–26 weeks of pregnancy, 31.4% (956/3043) of pregnant women were on preventive withdrawal from work. They were more in “high-strain” (31.1% vs. 21.1%) and “Iso-strain” groups (21.0% vs. 14.2%) than those who continued to work (P < 0.0001). The prevalence of major depressive symptoms was higher in women on preventive withdrawal from work (10.8%; CI 95%: 8.9 to 12.9) compared to working women (7.1%; CI 95%: 6.1–8.3). After adjustment for personal and professional risk factors, “Iso-strain” remained significantly associated with major depressive symptoms in working women (adjusted OR = 1.75; CI 95%: [1.05 to 2.92]) and women on preventive withdrawal from work, regardless of duration of activity before withdrawal: 4 to 12 weeks (adjusted OR = 2.72; CI 95%: [1.19–6.12]), 13 to 20 weeks (adjusted OR = 3.51; CI 95%: [1.54–7.97]), and ≥ 21 weeks (adjusted OR = 2.39; CI 95%: [1.10–5.20]).

Conclusion

Psychosocial work demands are an important risk factor for the mental health of pregnant workers and require that preventive actions be put forward.

Résumé

Objectif

Notre étude avait pour objectifs d’évaluer l’exposition aux contraintes psychosociales au travail chez les femmes enceintes, au travail et en arrêt de travail pour retrait préventif, et de mesurer l’association entre les contraintes psychosociales au travail et les symptômes dépressifs majeurs en fonction du moment du retrait préventif.

Méthodologie

L’échelle abrégée de Karasek a été utilisée pour mesurer les contraintes psychosociales au travail (« Job strain » et « Iso-strain ») et l’échelle Center for Epidemiological Studies Depression Scale (CES-D) pour mesurer les symptômes dépressifs majeurs (score CES-D  23), à 24–26 semaines de gestation, auprès de 3043 femmes enceintes de la région de Montréal (Québec) ayant exercé un emploi rémunéré au moins 15 h/semaine et au moins quatre semaines consécutives depuis le début de leur grossesse. Des modèles de régression logistique multivariée ont été construits.

Résultats

À 24–26 semaines de gestation, 31,4 % (956/3043) des femmes enceintes étaient en retrait préventif du travail. Elles se trouvaient plus souvent dans les catégories « high-strain job » (31,0 % vs 21,1 %) et « Iso-strain » (21,0 % vs 14,2 %) que celles qui avaient continué de travailler (p < 0,0001). La prévalence des symptômes dépressifs majeurs était plus élevée chez les femmes en retrait préventif (10,8 % ; IC 95 % : 8,9–12,9) que chez celles qui travaillaient (7,1 % ; IC 95 % : 6,1–8,3). Après ajustement sur les facteurs de risque personnels et professionnels, « l’Iso-strain » restait significativement associé aux symptômes dépressifs majeurs chez les femmes qui continuaient de travailler (OR ajusté = 1,75 ; IC à 95 % [1,05–2,92]), tout comme chez celles qui avaient cessé de travailler, et cela quelle que soit leur durée d’activité avant le retrait préventif du travail, 4 à 12 semaines d’activité (OR ajusté = 2,72 ; IC à 95 % [1,19–6,12]), entre 13 à 20 semaines (OR ajusté = 3,51 ; IC à 95 % [1,54–7,97]) ou une durée supérieure ou égale à 21 semaines (OR ajusté = 2,39 ; IC à 95 % [1,10–5,20]).

Conclusion

Les contraintes psychosociales au travail représentent un important facteur de risque pour la santé mentale des travailleuses enceintes et nécessitent que des actions préventives soient menées.

Section snippets

Contexte

Les milieux de travail comportent plusieurs facteurs de risque pour la santé de la mère et de l’enfant à naître, qui sont de nature ergonomique, biologique, chimique, physique, psychosociale, et liés à la sécurité en milieu de travail [1], [2], [3].

La majorité des pays ont reconnu l’importance de se doter de mesures à caractère social ou législatif pour protéger les femmes enceintes au travail. Aussi, depuis 1981, la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) du Québec applique

Méthodologie

Les données analysées sont issues de l’entrevue prénatale réalisée à 24–26 semaines de gestation dans le cadre de l’Étude montréalaise sur la prématurité [28], qui est une étude de cohorte prospective menée entre 1999–2004 auprès de 5337 femmes enceintes. Les modalités de recrutement ont été précédemment décrites en détail [28], [29], [30]. Les femmes enceintes ont été recrutées dans quatre hôpitaux affiliés à l’université McGill et à l’université de Montréal lorsqu’elles se sont présentées

Analyse des données

Des analyses univariées et bivariées ont été effectuées pour caractériser les femmes enceintes et explorer l’association entre les symptômes dépressifs majeurs, les contraintes psychosociales au travail, les caractéristiques professionnelles et sociodémographiques. Le test de Khi2 a été utilisé pour comparer les proportions, le test t de Student pour comparer les moyennes. Des rapports de cotes non ajustés (OR) et leurs intervalles de confiance (IC) à 95 % ont été calculés afin d’identifier les

Résultats

À 24–26 semaines de grossesse, 31,4 % (956/3 043) des femmes enceintes étaient en retrait préventif du travail. Les caractéristiques sociodémographiques et économiques, les habitudes de vie et les stresseurs, de même que les conditions de travail des femmes en fonction de leur statut d’emploi, sont présentées dans le Tableau 1.

La majorité (80,5 %) des femmes ayant bénéficié du retrait préventif du travail étaient d’origine canadienne, 65,6 % étaient des primipares et 8,8 % monoparentales. Les

Discussion

À notre connaissance, il s’agit de la première étude qui documente la prévalence des symptômes dépressifs majeurs (score CES-D  23) et leur association avec les contraintes psychosociales au travail chez les femmes enceintes en retrait préventif du travail. Nos résultats montrent que les femmes enceintes en retrait préventif du travail se trouvaient davantage dans les catégories « high-strain job » et « Iso-strain », et qu’elles avaient une prévalence plus importante de symptômes dépressifs

Déclaration de liens d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

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