Claudine Salmon
Les Persans à l'extrémité orientale de la route maritime (IIe A.E.- XVIIe siècle)
La langue chinoise actuelle garde le souvenir des rapports antiques entre la Perse et la Chine. Le terme Anxi :$çJË> (probablement Arsace, nom du fondateur de la dynastie des Arsacides), qui servait à désigner l'empire parthe(247AJE.-224 ?), est encore présent dans l'expression anxi xiang :£:,§> ff signifiant « benjoin ».
Quant au terme Bosi $£$?', sous lequel les Chinois connaissaient le royaume des Sassanides (224-642), il est plus ou moins vivant dans quelque six ou sept expressions qui évoquent, soit les échanges commerciaux entre les deux pays - dont celle de bosi pour désigner un objet précieux ou encore celle de bosi yan WM$k, littéralement « œil de Persan » pour parler d'une personne dont le regard est aigu -, soit les plantes - tel bosi cai $£$r^l (littéralement « légume de Perse ») signifiant « épinard » ou encore bosi zao ■IÈiM\^k «jujube persane » pour la datte2. Ces expressions sont restées en usage, après que le terme Bosi pour désigner la Perse eut progressivement disparu à partir des Song (960-1278) ; ce pays se trouvant désormais inclus dans le concept de Dashi ^cft (du moyen persan tâzî) passé en chinois vers
1. Sur une certaine ambiguïté du terme Bosi dans les sources chinoises, voir notamment Wang Gungwu, The Nanhai Trade. The Early Chinese Trade in the South China Sea, Singapore, Times Academic Press, 1998 (Ie éd. 1958), pp. 52-53; O. W. Wolters, Early Indonesian Commerce. A Study of the Origins ofSrivijaya, Ithaca, New York, Cornell University Press, 1967, pp. 129-158, qui donne un résumé de la question.
2. Voir Hanyu da cidian MWiXWtfà, Shanghai, Hanyu da cidian chubanshe, 1986-1993, vol. 5, p. 1119.
Archipel 68, Paris, 2004, pp. 23-58