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Des énarques aux managers

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Notes sur les mécanismes de promotion au Sénégal

Fait partie d'un numéro thématique : Éducation et sociétés

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Q) Depuis l'indépendance en 1960, le Sé- C négal a connu plusieurs générations (0 de dirigeants. Après les instituteurs 1 j= (de 1945-47 à 1962-63), les enarques à partir de 1963 (1), une troisième géné- j— ration, celle des gestionnaires et ingé- Q nieurs se constitue. Fortement liée au (g champ économique (monde des af- O faires) où elle occupe une position re- 3 lativement dominée parce que n'étant O pas "owner" mais plutôt "techno-éco- O nomiste", cette nouvelle élite est en voie de se substituer aux administrateurs civils. Cependant à son propos se pose la question de savoir si elle pourra bouleverser les règles du champ po-

DES

ENAROUES AUX MANAGERS

NOTES SUR LES MECANISMES

litico-administratif dirigeant qui, jusqu'ici, a surtout fonctionné grâce, entre autres, au clientélisme politique, en s'appuyant largement sur des valeurs et des pratiques de la société indigène comme la solidarité familiale, le recours à P"appui" de personnalités religieuses et/ou traditionnelles ou si elle adaptera les règles de fonctionnement du monde des affaires aux "exigences" de la société traditionnelle sénégalais.

On peut se demander par ailleurs si, l'hégémonie du pouvoir économique devenant de plus en plus marquante, on ne risque pas d'assister à un renversement du rapport de force dans l'espace socio-politique en faveur du pôle économique sans que ce dernier soit totalement autonome par rapport au champ politico-administratif jusque-là omniprésent et dominant (2).

Permanences et changements

Depuis 1960, et même durant l'époque coloniale, le champ politico-administratif a occupé une position dominante dans la gestion des affaires publiques au Sénégal. Mais à partir des années 80, des tendances au renversement de cette position se dessinent assez nettement. Le monde des affaires, des entreprises, devient de plus en plus hégémonique. Cette domination peut se mesurer au moins à partir de trois indices : la part croissante de gestionnaires et d'ingénieurs dans les hautes sphères de l'Etat, l'or- ganisation du patronat comme

Des instituteurs aux enarques

l-Cf. B. Niane, Des instituteurs aux enarques : L'Ecole normale William Ponty, l'Ecole normale supérieure et l'Ecole nationale d'administration dans le processus de formation de la classe dirigeante au Sénégal, diplôme, Paris, EHESS, 1987.

2-Ces deux interrogations font l'objet d'une recherche en cours qui est un approfondissement de certaines thèses développées dans l'étude citée plus haut. Le présent article fait le point sur les premiers résultats de cette investigation.

DE PROMOTION AU SENEGAL

"contre-pouvoir" et le "recyclage" d'anciens dirigeants politico-administratifs comme administrateurs de sociétés.

Le pouvoir administratif dominant qui, durant toute l'époque de la colonisation du Sénégal, avait tendu à empêcher l'ascension des autochtones, avait dû créer deux catégories d'auxiliaires indigènes : la première (les instituteurs) dotée d'un niveau scolaire relativement élevé mais sans prestige administratif ou social afin d'éviter tout risque de remise en cause des colonisateurs ; la deuxième catégorie (les autres fonctionnaires indigènes), sans grandes connaissances scolaires mais bénéficiant de beaucoup de prestige social.

Les habitudes inculquées, intériorisées depuis l'Ecole normale William Ponty (ENWP), doublées d'une position dominée dans le corps des enseignants, n'ont pas permis aux maîtres sénégalais d'utiliser - jusque vers 1940 - leur capital scolaire et intellectuel acquis, maintenu et renforcé, pour contrer les mécanismes qui empêchaient leur ascension. Consciemment ou non, les instituteurs indigènes se sont laissé enfermer dans la stratégie imposée par les administrateurs coloniaux. Ils sont restés une élite strictement intellectuelle qui, même au plus profond du mouvement d'émancipation des années 45 et 50 (qu'elle a largement dominé), a eu du mal à se défaire d'une certaine ambivalence, d'un double langage qui contestait l'autorité française tout en demandant beaucoup plus de biens symboliques français.

Cependant, ce mouvement culturel connaîtra, surtout après 1945, des changements qualitatifs profonds favorisés entre autres par un contexte socio-politique changeant. Les

sures", les contradictions internes du système colonial français annoncées par l'arrivée au pouvoir du Front populaire, doublées par les effets des mouvements de libération nationale en Asie notamment, sans compter une concurrence d'une part entre fonctionnaires subalternes (instituteurs et commis indigènes) et d'autre part entre Sénégalais et métropolitains dans les milieux scolaire et administratif, ont accéléré le processus de transformation du mouvement culturel en un puissant mouvement syndical puis politique.

L'activité syndicale a été pour les enseignants sénégalais de l'époque, par delà les revendications du corps, un moyen de se rapprocher des autres travailleurs, de la population et de s'imposer assez rapidement comme dirigeants politiques au détriment des premiers hommes politiques sénégalais, qui se recrutaient essentiellement parmi les métis, les commerçants ou les agents de l'administration natifs de Saint-Louis (capitale du Sénégal pendant la colonisation). L'activité politique de ces autochtones, citoyens français (3), avait trait, pour l'essentiel, aux élections municipales. Il ne s'agissait presque jamais pour eux de contester la domination française ou d'étendre l'activité politique dans les zones rurales du pays. Mieux, le principal parti d'avant 1945, dirigé par un avocat

3-Sous l'administration coloniale, le Sénégal était divisé en communes (4), en Territoires d'administration directe (TAD) et en Territoires de protection indirecte (TPI). Les indigènes nés dans les communes (Saint-Louis, Dakar, Gorée, Rufisque) bénéficiaient automatiquement du statut de citoyens français. Ils étaient électeurs et éligibles et relevaient des tribunaux français (sauf pour la succession, le mariage, la donation et le testament). Les autres Sénégalais étaient des "sujets français" qui ne bénéficiaient pas de ces privilèges, tout au moins jusqu'en 1945.

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