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Les mots sans guère de choses : la praelectio

[article]

Année 1999 121 pp. 28-35
Fait partie d'un numéro thématique : Phrase, texte, discours
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Michèle ROSSELLNl* CRIL-GRIHL, Paris III-ENS Fontenay

LES MOTS SANS GUERE DE CHOSES : LA PRAELECTIO 1

On sait que l'explication de texte littéraire est née dans les collèges jésuites à partir de la redécouverte humaniste de la praelectio des écoles de rhétorique antiques. Dans celles-ci, la praelectio avait fonction directe de former le futur orateur : par exemple, Quintilien intégrait les explications de poètes à la formation de celui-ci, parce qu'on trouve chez eux des matériaux précieux pour l'éloquence 2. Les pédagogues modernes reprendront ce principe, particulièrement pour les auteurs latins, parce qu'ils s'avisent que, s'il est possible en grec d'apprendre le style classique chez les Pères de l'Eglise — le grec s'étant conservé sous sa forme littéraire dans l'empire romain comme langue de culture — , cela est impossible pour le latin, que les Pères utilisent dans son état décadent du Bas-Empire. Mais ils se heurtent alors, outre un grave problème éthique : que faire, dans la formation de jeunes chrétiens, des choses (res) — les fables, les mœurs, les idées, et tout particulièrement la représentation du divin — auxquelles réfèrent les mots (verba) de la poésie païenne, à un problème didactique évident : la langue des textes étudiés n'est pas la langue maternelle des élèves. Il s'ensuit une configuration paradoxale, qui reçoit, au fil du temps, diverses solutions. On résumera ici les principales.

Erasme donne en 1512 sa lettre-traité pédagogique De ratione studii ас legendi interpretandique auctores (« Méthode pour étudier, et pour lire et interpréter les auteurs ») qui est considéré comme le modèle imité par la suite par toutes les congrégations enseignantes. Il élit la « poésie » — c'est-à-dire l'ensemble des genres de la fiction — comme matière privilégiée de la praelectio. Il avance pour cela deux raisons pédagogiques : l'élégance de son elocution, qui fait qu'elle est particulièrement utile pour la maîtrise de la langue, et l'attrait des sujets, qui la rend agréable aux élèves.

* avec la collaboration d'Alain Viala. 1. Ce texte reprend et adapte certains éléments d'une communication détailléce donnée en oct. 1997, à paraître dans un prochain numéro de Littératures classiques. Il est ici à lire en relation directe avec l'article précédent (d'Alain Viala). 2. Institution oratoire, 1, 1 : « Théoploraste dit que la lecture des poètes peut rendre de très grands services à l'orateur, et bien des gens ont adopté cette manière de voir non sans raison ; en effet, chez les poètes on trouve, pour les pensées l'inspiration, pour la forme la magnificence (sublimitas) ».

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