L'IMMUNITE DE SCHWA EN DEBUT DE MOT

1. Introduction

II s'agira dans cet article de revenir sur un ensemble d'observations fait par François Dell (1973 : 223ssq) selon lequel le schwa français a un comportement particulier lorsqu'il se trouve être la première voyelle d'un mot. En l'occurrence, il ne peut chuter dans cette position s'il est précédé d'un groupe consonantique, alors qu'il est optionnel ailleurs, dans les mêmes circonstances. Cette différence de comportement entre les positions initiale et non-initiale n'est cependant pas observable lorsque schwa est précédé d'une seule consonne. Je ne saurai dire pourquoi une consonne simple suivie de schwa ne requiert pas la présence de ce dernier en début de mot. En revanche, j'avancerai une explication concernant l'impossibilité d'omettre schwa lorsque celui-ci est précédé par un groupe consonantique initial. Dans cet article, je défendrai notamment l'idée que le site initial doit être pris au sérieux par la phonologie, à laquelle il incombe de pouvoir l'adresser autrement que par le diacritique « # » (Lowenstamm 1999). Si l'on suppose que son identité est de type syllabique, une solution au problème posé plus haut en découle naturellement. Le présent travail ne présente pas un traitement global du schwa français. La littérature concernant cette voyelle est copieuse. L'étude des quelques pages à suivre n'entend que verser un détail à son dossier, qui par ailleurs ne pourra s'apprécier qu'à la lumière des travaux en question. Le lecteur trouvera des renseignements fournis au sujet de schwa dans Schane (1968), Dell (1973), Encrevé (1988) ou encore Charette (1991), pour ne citer que ceux-là, ainsi que dans les références contenues dans ces ouvrages.

2. Le problème

La généralisation selon laquelle en français un groupe de consonnes à sonorité ascendante requiert la présence d'une voyelle à sa droite semble être solide. Elle est basée sur le comportement du suffixe -ien, sur celui de bases en -i suffixées par

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