LE livre dirigé par Bruno Jobert vise à analyser de manière comparative la diffusion de la doctrine néo-libérale dans quatre pays européens et au niveau de l'Union européenne. Grâce à cette étude qui relève à la fois de l'histoire des idées et de la sociologie politique, il s'agit de mieux comprendre le rôle des débats, des controverses et des représentations sociales dans le changement des politiques publiques. La démarche s'inscrit dans un approfondissement des analyses déployées dans l'ouvrage publié en 1987 par B. Jobert et P. Müller (L'État en action, Paris, PUF) qui portaient déjà sur les dimensions intellectuelles des politiques, où étaient développées les notions de référentiels global et sectoriel. Le référentiel d'une politique publique y étant conçu comme un système cohérent d'idées, de valeurs, d'images et de principes d'action, qui permet aux différents acteurs engagés dans l'élaboration et la mise en œuvre d'une politique publique d'interpréter leur rapport au monde, et de s'inscrire dans un même espace de sens. Les phénomènes de décalage et d'adaptation des différents référentiels sectoriels (du secteur de l'agriculture, des politiques sociales, de l'industrie aéronavales, etc.) par rapport au référentiel global y étaient précisément analysés. Souhaitant revenir sur le niveau global, B. Jobert a opté pour une approche comparative afin de mieux comprendre les mécanismes de diffusion et d'influence d'un corps d'idées sur les perceptions globales des différents groupes d'acteurs engagés dans la décision politique. Un phénomène commun, la montée en puissance des idées et des politiques néo-libérales en Europe, s'est développé selon des processus différents suivant les pays, les secteurs et les groupes d'acteurs. C'est l'analyse de ces différences qui doit permettre une meilleure compréhension des processus en question.