CAPACITÉS MÉTALINGUISTIQUES ET LECTURE

QUELS LIENS ?

Une analyse des nombreuses recherches scientifiques intéressant l'émer¬ gence des capacités métalinguistiques révèle que la plupart d'entre elles appa¬ raissent à 6-7 ans (voir Gombert, 1990). Ainsi en est-il, par exemple : du dénombrement et de la segmentation phonémiques (par ex. taper sur la table autant de fois qu'il y a de phonèmes dans des mots présentés oralement, Liberman, Shankweiler, Fisher et Carter, 1974) et des identifications de règles syntaxiques violées dans des phrases agrammaticales (Berthoud-Papandropoulou et Sinclair, 1983).

Si ces capacités de manipulation intentionnelle de la structure linguistique (i.e. ces capacités métalinguistiques) sont généralement absentes avant l'apprentissage de la lecture, il a toutefois été montré que certaines d'entre elles peuvent être provoquées à partir d'environ 5 ans (mais difficilement avant) par le biais d'entraînements oraux adaptés (voir, Gombert, 1990, 1992). En fait, l'acti¬ vité de lecture suppose une maîtrise métalinguistique en général inutile en dehors d'elle. Cette maîtrise semble apparaître à l'occasion de l'activité qui la nécessite, généralement l'apprentissage de la manipulation de l'écrit, mais occa¬ sionnellement des situations orales qui ont des exigences voisines, comme les tâches ludiques de décomposition des mots oraux.

Les capacités métalinguistiques orales se présentent donc, en quelque sorte, comme un "sous-produit" de l'apprentissage de la lecture. Il faut sans doute considérer que, contrairement à la conversation orale, la manipulation de l'écrit nécessite des connaissances explicites sur le langage et des capacités à en piloter pas à pas l'utilisation. En d'autres termes des capacités métalinguis¬ tiques véritables.

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