SYSTEME SCOLAIRE ET INNOVATION TECHNOLOGIQUE EN FRANCE

« On ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres : autrement les outres se rompent, le vin se répand et les outres sont perdues ; mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et le vin et les outres se conservent ».

Mathieu.

L'organisation sociale implique désormais l'accès de tous à l'éducation secondaire ; l'accroissement qualitatif et quantitatif, ainsi que la mobilité des contenus de connaissance, conduisent à présenter de plus en plus fréquemment au cours des études secondaires, voire même des études primaires, des notions jadis réservées à l'enseignement supérieur. Aussi, l'introduction des moyens industrialisés dans l'enseignement ne correspond-elle pas seulement à un souci de modernisation ou de rénovation. Après tout, en tant que système, l'enseignement conventionnel s'est montré parfaitement adéquat aux objectifs qu'il devait atteindre. L'introduction, dans le système éducatif, des moyens pédagogiques industrialisés n'est donc pas l'effet d'une mode de technologie, audio-visuelle, électronique ou cybernétique ; au contraire, on se propose, par le recours a ces moyens techniques, de résoudre

certains problèmes majeurs d'éducation qui n'ont pas encore trouvé de solution satisfaisante, et par exemple :

— de moderniser les programmes scolaires et par conséquent la formation des maîtres en ce qui concerne des matières comme les sciences, les mathématiques, la linguistique, qui ont subi des transformations radicales ;

— de diffuser rapidement les résultats de la recherche pédagogique pour permettre au corps enseignant d'améliorer l'enseignement ;

— d'étendre les possibilités d'instruction et d'accès à la culture à des personnes qui ont abandonné leurs études ou qui sont engagées dans la vie professionnelle ;

— d'individualiser l'enseignement : les moyens techniques, en libérant les maîtres de certaines tâches (exposition, répétition, contrôle), les rendent disponibles pour les élèves ;

— d'accélérer les apprentissages, notamment lors des études faites après la période de scolarité obligatoire.

Alors que les finalités générales du système éducatif ont été considérablement élargies, alors que les objectifs particuliers de tous les sous-systèmes que constituent les différentes disciplines ont profondément évolué, il n'est plus possible de conserver dans l'enseignement méthodes et moyens hérités du passé. C'est parce qu'il est resté trop attaché à des méthodes traditionnelles et aussi aux valeurs que celles-ci peuvent représenter, que l'enseignement conventionnel n'a pas su et ne peut pas prendre en compte cette mutation. Devant cet échec, l'appel à des techniques et des méthodes nouvelles devient une inéluctable nécessité.

Quelques exemples permettront de saisir l'ampleur des problèmes :

— finalités générales : l'extension de l'éducation secondaire à tous les enfants d'une classe d'âge, transforme un enseignement d'élite en un enseignement de masse ; c'est comme si une boutique de luxe se transformait en grand magasin pour offrir à une clientèle plus nombreuse une gamme de marchandises plus variées allant de l'article courant au produit de luxe ;

— objectifs particuliers : l'enseignement des langues vivantes, sous la pression des besoins du monde moderne doit d'abord procurer un moyen de communication orale et écrite entre les peuples, et non plus ouvrir seulement l'accès à une culture et à ses chefs-d'œuvre. L'équipement technique (laboratoires de langues, magnétophones, etc.) rend compte de ce changement d'objectif ;

— accroissement quantitatif des connaissances : l'apparition de nouvelles disciplines telles l'informatique, en passe de devenir objet d'enseignement dans le second