OPERATION

« JEUNES MAITRES »

FRANCE-QUEBEC 1969-1970

Premier bilan d'une expérience d'échange pédagogique

Soixante instituteurs et institutrices français, (10 de celles-ci en maternelle), enseignent depuis la rentrée de 1969 dans des écoles du Québec et réciproquement. Cette expérience originale dont le Centre franco-québécois de développement pédagogique est chargé de suivre le déroulement, sous l'égide des directions de la Coopération et de la direction générale des Relations culturelles, peut être l'occasion de comparer l'organisation, l'esprit et les méthodes de l'enseignement dans deux pays francophones mais dont l'un vit sur le continent américain. Telle est bien l'optique de l'échange, ainsi définie par un stagiaire québécois :

« L'échange me permet de mettre en question mon enseignement et celui qui se donne ici, et de réfléchir aux bases sur lesquelles se fondent l'école canadienne et l'école française. »

Une série de stages en septembre 1969, janvier et mai 1970, une série de rapports en novembre, avril et dans la première année de retour au pays d'origine, sont destinés à permettre l'évaluation de l'expérience. Actuellement après le premier rapport et les stages de janvier, on peut dégager :

— des éléments pour une comparaison assez précise des milieux et des habitudes scolaires,

— quelques points (à beaucoup affiner) pour une comparaison de l'esprit et des méthodes d'enseignement.

I. — Le milieu scolaire

A. — Relation maître-élèves

Au Québec :

Elle semble plus facile, plus ouverte qu'en France. Les enfants sont communicatifs, signalent les difficultés qu'ils rencontrent. Cela ne signifie pas qu'ils soient vraiment actifs : ils attendent beaucoup du maître, se donnent peu de peine, sauf pour des efforts de courte durée. « L'autorité du maître est faible ; il ne paraît pas en mesure d'avoir une vraie influence sur les élèves. » L'auto-discipline serait rarement possible. Le terme de « décontractée » est souvent employé pour qualifier ia relation élève-maître.

Les remarques des Québécois sur la politesse et la passivité des élèves français corroborent les précédentes.

« Nous avons apprécié la grande politesse et le savoir-vivre de ces jeunes élèves français. Plusieurs sont d'accord pour affirmer que les élèves français sont beaucoup plus polis que ceux du Québec. Cela évite bien des problèmes de discipline. Autre chose, parfois embarrassante pour certains maîtres, les élèves français parlent bien leur langue et possèdent un vocabulaire impressionnant. » (Marc Dufour, stagiaire québécois.)

Certaines pratiques assez courantes : « dollar scolaire », « brevets », tentent d'inciter au travail en faisant appel à un esprit utilitaire, que plusieurs maîtres français signalent chez leurs élèves canadiens.

En France :

« Les stagiaires ont constaté qu'au niveau primaire, les maîtres sont distants : le maître apparaît trop souvent comme un distributeur de savoir, parfois indifférent pour l'élève moins doué. Il semble que le souci d'éduquer soit ici remplacé par le souci d'instruire : le mot éducation n'a peut-être pas ici la même compréhension que pour les stagiaires québécois. » (Antoinette Leroux, stagiaire québécoise.)

B. — Relations parents-maîtres

Au Québec :

« Cette question a été étudiée aux trois niveaux d'enseignement :

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