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L'éducation permanente

[article]

Année 1970 12 pp. 18-27
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L'EDUCATION PERMANENTE

Dans l'expression « éducation permanente », l'adjectif est d'importance capitale. Son étymologie (per-manere), le symbole du préfixe (per) qui charge le radical d'une signification encore plus absolue, la valeur de la désinence qui souligne la durée d'une action motrice, trahissent à eux trois l'étendue et la force d'une réaction biologiquement essentielle : résister au « temps ».

Il apparaît en effet impossible de comprendre la genèse, l'évolution et le retentissement de cette expression si on ne la replace pas dans un contexte plus vaste, étayé par la réflexion philosophique et sociologique. Cette démarche se révèle absolument nécessaire pour éclairer les finalités d'une politique de formation comme pour légitimer l'emploi de méthodes pédagogiques.

- Or, dans cette réaction essentielle qui est de se mesurer avec le temps, de quoi s'agit-il D'une constatation ? Certainement ! D'un nouvel art de vivre ? Peut- être !

La constatation — quelle se fasse au niveau de l'individu ou au niveau de la société — reste banale : le temps de penser, de vivre n'existe plus. Le thème romantique de la « fuite du temps » — qui de toute façon ne pouvait

appartenir qu'à une élite et marquer les œuvres de cette élite — est dépassé ; il a fait place au thème économico- social de « l'appropriation du temps ». Ce thème est ressenti par tous, à des degrés divers liés au statut socioprofessionnel de chacun. Pour le travailleur sans responsabilité dans son activité professionnelle ou sociale, l'appropriation du temps est vécue sous les formes multiples qui sont la durée du travail, le rythme des cadences, la journée discontinue et les effets d'amplitude, les heures de transports entre le domicile et le lieu de travail, le « travail noir », etc. Pour le travailleur qui exerce des responsabilités, la conscience claire ou le plus souvent confuse de ne pouvoir faire face à toutes les exigences du changement, de ne pouvoir réfléchir et se cultiver, de ne pouvoir accueillir et surtout mûrir toutes les informations, engendre une peur panique de faillir et un instinct de résistance. La vitesse a submergé la durée et a aboli le temps ; dès lors, cette inexistence crée l'insécurité et d'aucuns évoquent l'homme mutilé, aliéné, atomisé.

A titre comparatif, on note la même évolution et ia même crise pour ce qui concerne une autre notion fondamentale : l'espace. En tant que tel, il est lui aussi soumis dans la représentation qu'en ont les hommes, aux effets de la vitesse ; mais le problème essentiel réside surtout dans le fait que dans le cadre d'une civilisation technicienne, industrielle et urbaine, l'espace est de plus en plus compté à chacun. Là aussi, il y a un phénomène d'appropriation de l'espace et un sentiment de mutilation. Là aussi, on tente d'organiser une réaction globale à travers une politique dite de l'environnement. En d'autres termes, une politique d'éducation permanente est au temps ce qu'une politique de l'environnement est à l'espace ; au même défi, on apporte la même réponse ; au morceié et au mutilé, on oppose le global.

Or, par essence, rien n'est plus global que le temps ; en conséquence, résister à l'abolition du temps, c'est le restaurer dans sa durée de façon à pouvoir en user et recouvrer sa liberté. Là résident l'objectif précis et l'ambition majeure de l'éducation permanente. Comme l'a écrit H.G. Wells, « la course est désormais engagée entre l'instruction et la catastrophe ».

Dès lors, la formation permanente implique un nouvel art de vivre ; elle est changement face au changement, et par là même redonne au temps sa dimension ; Aristote avance la même idée : « quand nous ne subissons pas de changements dans notre pensée ou que nous ne les apercevons pas, il ne nous semble pas qu'ils se sont passés du temps » (1).

Mais cette analyse sera insuffisante si nous ne démontrons pas en quoi et comment la formation permanente peut être une réponse correcte à la situation bouleversés

(1) Physique, livre IV (11) 208 b 23.

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