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Le préjugé du maître et l'apprentissage de l'élève

[article]

Année 1970 13 pp. 38-49
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LE PREJUGE

DU MAITRE

ET L'APPRENTISSAGE

DE L'ELEVE

L'objet essentiel de cet article (1) est d'examiner l'hypothèse selon laquelle l'attente du maître vis-à-vis des résultats de ses élèves peut finir par déterminer d'une manière assez sensible ces résultats. Nous examinerons plus loin les preuves et les conséquences de cette hypothèse, mais nous allons d'abord en donner une perspective historique et conceptuelle. Le but de cette introduction est de montrer qu'en fait, les « effets des pronostics de l'enseignant » ne sont pas un phénomène original. Ces effets semblent n'être qu'un exemple particulier de l'application d'une notion infiniment plus générale, selon laquelle au cours de relations interpersonnelles, ce qu'attend une personne à propos du comportement d'une autre personne peut très bien contribuer à déterminer celui-ci.

Ce phénomène que nous appellerons « réalisation automatique des prophéties interpersonnelles » est né d'expériences effectuées non par des enseignants, mais par des expérimentateurs en psychologie. Mais n'importe quel autre groupe de gens aurait pu faire aussi bien. Toutefois, la situation sociale qui naît de la rencontre d'un spécialiste des sciences du comportement avec son sujet

Les préjugés de l'experimentateur

(1) Rapport préparé pour la Conférence sur « The unstudied curriculum » (le programme libre) patronnée par l'Association américaine pour la révision et le développement des programmes, Washington. 6-11 janvier 1969.

de recherche revêt une importance dont le caractère est à la fois universel et unique dans le domaine de l'éducation et des autres sciences du comportement. Son caractère universel vient du fait que l'interaction de l'expérimentateur et de son sujet, comme celle de tout autre groupe de deux personnes hiérarchisées, peut être étudiée de façon empirique, pour mieux nous renseigner sur les interactions à deux en général. Son caractère unique vient du fait que l'interaction de l'expérimentateur et de son sujet, à la différence de toute autre interaction à deux, est capitale dans le domaine de l'éducation et de toutes les autres sciences du comportement.

L'idée particulière et préconçue qu'un savant se fait de l'issue de son expérience est variable : elle dépend de la façon dont est faite l'expérience, mais, toujours présente, elle est pour ainsi dire une constante en science. Les variables retenues par le savant pour son étude ne sont pas choisies au hasard. Le savant les choisit parce qu'il s'attend à ce qu'elles aient certaines relations entre elles. Même dans les recherches les moins soigneusement préparées qu'on appelle « expéditions de pêche à la ligne », ou plus formellement « expériences pour voir », le préjugé du savant se reflète dans le choix de l'ensemble des variables qu'il retient pour sa recherche. L'analyse exploratoire des données, comme les véritables expéditions de « pêche à la ligne » ne s'effectue pas au hasard.

Ces préjugés du savant sont susceptibles d'influencer suffisamment le choix du plan et des méthodes de l'expérience pour augmenter la vraisemblance d'une confirmation de ses hypothèses. C'est normal. Aucun savant ne choisirait délibérément une méthode qui prouverait que son hypothèse est mauvaise. S'il lui était trop facile de penser que sa méthode l'amènerait à cette conclusion, il reverrait son hypothèse. Si le choix d'un sujet ou d'une méthode de recherche est considéré par un autre savant comme trop « orienté » pour vérifier loyalement son hypothèse, il peut la vérifier en recourant successivement à des méthodes opposées pour lui assurer une plus grande valeur. Les plans et méthodes employés sont, dans une large mesure, connus du public, et c'est ce caractère public qui va permettre de réitérer des expériences pertinentes afin de parvenir aux rectifications nécessaires.

Cet article traite principalement des effets de l'attente de l'expérimentateur sur les réponses qu'il obtient de ses sujets. Les conséquences d'une telle attente peuvent être très graves. Les effets de cette attente sur les réponses des sujets ne sont pas visibles. Non seulement les autres savants ne peuvent savoir en quoi de tels effets interviennent dans l'interaction de l'expérimentateur avec ses sujets, mais le chercheur lui-même peut ne pas savoir si ces effets se produisent. De plus, il est probable que

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