MICRO-ENSEIGNEMENT, AUTOSCOPIE ET TRAVAIL EN GROUPE *

Micro-enseignement et autoscopie : une rencontre

Quoi qu'on puisse en penser par ailleurs, le microenseignement, considéré comme méthode de formation des maîtres, semble avoir au moins un mérite : celui de susciter partout, que ce soit chez les formateurs, ou les individus en formation, une intensité d'activité sans mesure avec ses objectifs ni avec sa portée théorique de départ.

Sans doute, cela tient-il au fait que le micro-enseignement (ou M. E.) apparaît comme la première tentative d'aborder de façon globale, systématique et solidement structurée, le difficile problème de la formation des enseignants. Mais on peut trouver aussi peut-être une autre explication au phénomène dans le fait que la méthode, en faisant souvent appel à l'enregistrement visuel des individus en formation sur bande vidéo, a renforcé considérablement, et sans l'avoir explicitement prévu à l'origine, la force de son impact sur le public.

Le micro-enseignement : méthode de formation des maitres

Le dispositif

On notera que le recours à la vidéo n'est théoriquement pas obligatoire pour le M. E., mais le fait est que dans la pratique il est presque toujours utilisé.

A lire les comptes rendus de travaux dans différents pays, il apparaît toutefois que l'autoscopie — ou confrontation à l'image de soi — ne manque pas de poser régulièrement, pendant les sessions de M. E., des problèmes à une minorité de participants. On relève chez certains des comportements imprévus, tels que le refus de se revoir, le découragement ou même, parfois, le départ définitif du stage. Le fait que ces réactions ne concernent qu'une minorité d'individus ne peut justifier, nous sembie- t-il, l'indifférence avec laquelle on les traite.

C'est en tout cas l'objectif premier de ce travail * que d'étudier l'articulation entre une méthode de formation telle que le M. E., les effets de l'image de soi à la vidéo, et différentes modalités de travail en groupe.

On connaît les principes de base du M. E. C'est une méthode de formation des maîtres basée sur l'analyse empirique des savoir-faire professionnels — ou skills — les plus efficaces dans la classe, et sur la pratique individualisée de ces skills en situation simulée, dans une perspective esssentiellement pragmatique et néo-béhavio- riste.

On propose de distinguer entre le dispositif du M. E. et son fonctionnement.

Il est à la fois simple dans son principe mais complexe à mettre en œuvre au niveau pratique. Il consiste à soumettre chaque enseignant en formation à l'exécution d'une série de leçons dont la caractéristique est d'être réduites dans toutes leurs dimensions habituelles — d'où leur nom de « micro-leçons » — . Ces leçons sont en effet réduites dans le temps (de 5 minutes à 20 minutes en fin de session), au niveau du public (de 5 à 10 élèves, payés le plus souvent pour leur prestation en dehors des heures de cours normales, ou bien, plus rarement, joués par des collègues) et au niveau de l'objectif (un seul skill pratiqué à la fois, sauf en fin de session).

Ces leçons sont enregistrées sur bandes vidéo le plus souvent selon la séquence suivante :

— Micro-leçon (5 minutes).

— Revisionnement seul ou avec le conseiller (10 minutes).

— Reprise de la micro-leçon avec d'autres élèves (5 minutes).