Pensée pédagogique
et modèles philosophiques :
e cas de la situation-problème
Michel Fabre
Dans toute pédagogie, même la plus traditionnelle, il y a toujours un moment où l'on mobilise l'élève sur des tâches scolaires telles que résumer un texte, rédiger, effectuer une observation ou une expérience, résoudre un question d'algèbre... (1) On peut appeler « problèmes » de tels exercices puisque cette expression acquiert aujourd'hui une extension qui déborde largement le domaine des mathématiques. Nous pensons en effet dans un paradigme épistémologique qui fait du traitement des problèmes l'image même de l'activité intelligente ! Rien d'étonnant à ce que la pédagogie s'intéresse aux situations-problèmes.
Mais cette idée est-elle claire et univoque ? Le paradigme du problème ne serait-il pas traversé de tensions contradictoires ? Quelles sont donc
les diverses manières de décliner le problème en pédagogie : ses différents statuts, ses différentes fonctions ? Comment penser la situation-problème ?
La pédagogie et ses problèmes
L'étymologie du terme « problème » s'effectue sur trois réseaux sémantiques : celui de l'initiative et du projet {proballein : se jeter en avant) ; celui de l'interposition ou de l'obstacle {problema : ce qui est placé là devant, le bouclier) ; enfin celui de la « saillance » ou du significatif {problema : le promontoire, la saillie). Le dictionnaire nous livre donc déjà trois caractères du problème scolaire.
Revue Française de Pédagogie, n° 120, juillet-août-septembre 1997, 49-58
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