L'école :
un monde intersubjectif de représentations entrecroisées
Jean Ecalle
En tant que milieu socio-institutionnel, l'école met en interaction des individus qui développent, chacun de part et d'autre, un ensemble d'idées sur eux-mêmes, les autres et leur environnement commun, autrement dit un faisceau de représentations multiples. Bien que le terme de représentation soit une vieille notion psychologique — Amerio (1991) l'a retrouvée chez Wundt (1886), l'un des fondateurs de la psychologie moderne — c'est actuellement un concept central en psychologie cognitive et en psychologie sociale (Vignaux, 1991).
Au-delà de sa diversité liée aux champs d'investigation, on observe un accord sur le caractère conceptuel quant à la composition des
tations (Ehrlich, 1985). Elles ont pour fonction de catégoriser, de structurer le réel. « Les représentations constituent des modèles intériorisés de l'environnement du sujet et de ses actions dans cet environnement ; ces modèles sont utilisables par l'individu comme source d'informations sur le monde et comme instruments de régulation et de planification des conduites » (Denis, 1989, p. 33).
Avec cette définition relativement générale en arrière-plan, notre revue de question se propose de dresser un tableau des représentations présentes chez les principaux acteurs au sein de l'école (primaire et collège). On analysera les différentes représentations dans la dyade enseignant-enseignes et on observera comment elles
Revue Française de Pédagogie, n° 122, janvier-février-mars 1998, 5-17