Distribution des contenus
d'enseignement en EPS au collège
selon les caractéristiques sociales
du public scolaire : des différences non aléatoires
Marie-Paule Poggi-Combaz
Introduction
Ce travail a pris pour point de départ une donnée de fait. Les enseignants d'EPS des banlieues difficiles disent ne pas exercer le même métier que leurs collègues des quartiers privilégiés. Ce sentiment de fragmentation du monde scolaire en deux blocs distincts est-il fondé sur des réalités ou n'est-il que le reflet de points de vue isolés ? Cette impression empirique se conjugue à un autre constat : les disparités entre établissements scolaires se creusent, les collèges se différencient de plus en plus du point de vue de la composition
sociale de leur public et des caractéristiques des enseignants. À l'issue d'une étude portant sur révolution des collèges publics de 1980 à 1990, D. Trancart (1993) constate une concentration plutôt accrue en dix ans, de populations « favorisées » ou « défavorisées ». Plusieurs raisons expliquent cette évolution : les mesures d'assouplissement de la carte scolaire, l'autonomie accrue des établissements, le développement du comportement consumériste de certaines familles à l'égard de l'école, l'augmentation du « zapping » entre le secteur public et le secteur privé (Langouët, Léger, 1991), tout cela contribue au creusement des écarts entre « établissements
Revue Française de Pédagogie, n° 139, avril-mai-juin, 53-69
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