L'Académie Royale des Sciences (1) (1666-1793)

Peu accoutumé à prendre la parole en public, j'ai ressenti un certain embarras, lorsque le Groupe français d'Historiens des Sciences m'a proposé de vous parler de l'Académie Royale des Sciences. Je ne pouvais cependant pas le lui refuser : lorsqu'on sert un bon maître depuis 35 ans, on n'a pas le droit de se récuser le jour où l'on vous invite à parler de lui. Le seul fait qu'on vous le demande vous en impose le devoir. J'ai donc accepté et j'espère que vous aurez la bonté d'excuser le manque d'expérience qui apparaîtra sans doute dans l'exposé que je vais vous faire. D'ailleurs, la présence, ici, de notre eminent Secrétaire perpétuel, M. le Prince de Broglie, qui est pour moi un chef si bienveillant, me donnera de l'assurance.

Vers le début du xvne siècle, sous l'influence de Descartes et du P. Mersenne, il s'était formé à Paris un groupe d'hommes animés d'un esprit nouveau. Las des dissertations scolastiques, ils cherchaient les bases de la connaissance dans l'étude raisonnée des faits qu'il est possible de soumettre au contrôle de l'expérience. « On a quitté, dira plus tard Fontenelle, une physique stérile, qui, depuis plusieurs siècles, en était toujours au même point ; le règne des mots et des termes est passé ; on veut des choses ; on établit des principes que l'on entend, on les suit et de là vient qu'on avance. L'autorité a cessé d'avoir plus de poids que la raison, ce qui était reçu sans contradiction parce qu'il l'était depuis longtemps, est présentement examiné et souvent rejeté ; et, comme on s'est avisé de consulter sur les choses naturelles, la Nature elle- même, plutôt que les Anciens, elle se laisse plus aisément découvrir.»

Détail curieux, c'est le goût de la musique, qui avait conduit

T. II. — 1949 19