Couverture fascicule

La dot de Dinah

[article]

Année 1983 40 pp. 119-128
Fait partie d'un numéro thématique : L'argent
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Patrick BERTHIER La dot de Dinah

Balzac et l'argent : comment dire du neuf sur cet énorme sujet ? Toutes les pages de la Comédie humaine en bruissent, et la vie même de l'auteur se lit comme un étourdissant cahier de comptes (1). Mais du moins parcourir, en humble et méthode enquêteur, tel roman moins célèbre, moins évidemment suspendu aux sortilèges du billet à ordre qu'Illusions perdues ou César Birotteau, permet de reconstruire, et par là de vérifier, cette obsession balzacienne de l'argent.

La Muse du département fut d'abord conçue comme un ouvrage alimentaire : des obligations à respecter, des dettes ; à ce premier livre, le roman mériterait l'attention. Mais Balzac, qui avait voulu limiter son effort à coudre ensemble des ébauches antérieures, fut pris par sa propre manœuvre, augmenta l'intrigue en créant du neuf, et finit par ajouter au catalogue de ses œuvres un drame d'amour extrêmement fort : la liaison d'une poétesse de province, Dinah de La Baudraye, mal mariée à un propriétaire terrien impuissant, avec un journaliste parisien que connaissent les lecteurs ďí/и grand homme de province à Paris, Etienne Lousteau. Les « enfants de l'amour » qui viennent concrétiser cette union traversée d'épreuves sont toutefois enlevés à leur vrai père pour préserver la responsabilité du couple légitime, et tout est bien qui finit par la convention. Comment cette horrible comédie dans laquelle Dinah paie le prix de sa sincérité fait-elle place à l'argent ? Par trois choix que l'on me permettra d'appeler « typiquement balzaciens » : le mari est avare, l'amant est journaliste, la fable est politique.

Le mari est avare, avec méthode et bonne conscience. A sa femme qui ne voit en lui qu'« une taupe occupée à tracer ses souterrains autour d'une pièce de vigne » (p.651) (2), ce nain souffreteux donne pour sortir « des chevaux dont il se servait pour ses labours et une vieille calèche qui sonnait la ferraille » (p.722). Parce qu'il l'a épousée presque sans dot, elle l'a d'abord cru généreux ; mais elle s'est vite

(1) Voir l'ouvrage solide et toujours précieux de René Bouvier et Edouard Maynial, Les Comptes dramatiques de Balzac, Sorlot, 1938.

(2) Nous indiquons entre parenthèses, dans le texte de l'article, les pages des citations de La Muse du département empruntées à l'édition d'Anne-Marie Meininger pour la « Bibliothèque de la Pléiade » (Paris, Gallimard, t. IV, 1976, p.599-791).

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