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Aut pictura, poesis : Baudelaire, Manet, Zola

[article]

Année 1989 66 pp. 41-50
Fait partie d'un numéro thématique : Folie de l'art
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Nicole SAVY

Aut pictura, poesis : Baudelaire, Manet, Zola

Littérature n'est pas peinture, irréductiblement - ni l'inverse. Que la doctrine de Yut pictura poesis ait fait long feu n'empêche en rien des peintres et des poètes de travailler ensemble, les uns avec les œuvres des autres, comme si aucun fossé ne les séparait. Baudelaire se déclare disciple de Poe et de Delacroix, à l'identique, reconnaissant dans les phrases de l'un et les couleurs de l'autre des éléments qui lui paraissent appartenir à sa propre substance mentale. Delacroix n'y comprend probablement rien ; peu importe, Baudelaire s'est emparé de son œuvre pour écrire la sienne, quitte à dissoudre le sujet romantique en individu et à déclarer la solitude forme sociale nouvelle et représentable. A son tour le peintre Edouard Manet vient se placer dans le giron - fort inconfortable - de Baudelaire, et s'engouffrer dans la direction que celui-ci lui enseigne, puisqu'il faut être de son temps. Il y trouve sa propre voie. Là encore, l'aîné échoue à reconnaître ce que précisément il appelait de ses vœux : le peintre de la vie moderne, que Manet incarne infiniment mieux que Constantin Guys qui n'est d'ailleurs pas un peintre \ Autour du Salon de 1865, tandis que Manet s'épuise sous la violence des attaques que lui vaut l'Olympia, Baudelaire l'encourage à poursuivre. Il n'a pas vu Olympia. Vieilli et malade, il ne connaît à vrai dire que l'œuvre de jeunesse de Manet, qu'il admire sans enthousiasme.

Le vrai défenseur de Manet, c'est Emile Zola, alors jeune critique qui se trouve face à une peinture toute pétrie d'influences baudelairiennes. C'est ce rapport que j'envisagerai ici : l'esthétique du romancier se jouant à proximité de son travail de critique d'art, en réaction à une œuvre picturale dont il choisit librement de faire un objet essentiel, et tout d'abord parce que cette œuvre lui plaît.

A observer les rapports qui se tissent entre l'œuvre picturale de Manet, l'œuvre critique et romanesque de Zola, et, à l'horizon, celle de Baudelaire, on voit ces œuvres se transformer en une sorte de feuilletage très dense : pas un mélange, la rencontre n'étant possible que sur la base de la différence du fait textuel et du fait plastique ; mais une sorte d'interesthétique, à la fois productrice et produit des œuvres, et qui ne peut se répéter et se décrire que sous sa forme discursive et narrative. Pas seulement dans le cas de la littérature d'art, de la critique picturale ; à l'intérieur même du tableau, où une narrativité immanente peut être présente. Simultanément cette saisie réciproque du langage par la peinture, et de la peinture par le langage, avec ses effets conjugués, n'a d'autre enjeu que la littérature pour l'un, et la peinture pour l'autre. Tout rapport littérature/peinture semble se clore par l'affirmation de la spécificité radicale de celle qui n'a pris l'autre pour objet que pour, finalement, l'inclure ou l'exclure. En ce sens l'étude des « influences » ne

ROMANTISME n° 66 (1989 - IV)

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