SOCIOLOGIE DU TRAVAIL N° 3/74

Jeannine Verdès-Leroux

Les conditions de transport : objet de mobilisation

La «situation-transport » a été pendant longtemps intégrée dans un système de significations sociales qui, par sa cohérence d'ensemble, la neutralisait et la rendait peu «visible » : l'idéologie libérale renvoyait le temps et les conditions de transport à la sphère privée, à l'ordre des aléas dont chaque individu était supposé seul responsable.

Cette cohérence a été perturbée et ébranlée, et la question se pose de savoir dans quel sens, dans quel système d'intelligibilité nouveau, cette situation flottante pourrait s'insérer. Des actions et des mobilisations ont eu lieu pendant deux ans, de l'automne 1969 à l'automne 1971, puis elles ont cessé, sans que les pouvoirs publics aient répondu, même par¬ tiellement, à ces revendications ; et ces problèmes de la vie quotidienne ont été absents de la campagne électorale des grandes formations poli¬ tiques en mars 1973.

En 1969-70, la situation est incertaine et semble ouvrir sur deux voies. On a d'abord pu penser que la situation-transport, remettant en question les distinctions traditionnelles : travail/hors travail, vie publique/vie privée, allait fusionner avec d'autres situations polémiques elles aussi : retraite, logement, et contribuerait à élaborer un nouveau système d'intel-

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