Georges Benguigui La sélection des cadres
Depuis longtemps déjà existe un discours fort répandu affirmant qu'une entreprise ne vaut que ce que valent les membres de son personnel 1. Ce discours est encore plus appuyé quand il s'agit des dirigeants et des cadres. Dans le contexte de la crise et de l'aggravation de la compétition il prend encore plus d'ampleur. Et de fait, le recrutement externe des cadres est une opération à laquelle toutes les entreprises, quelles que soient leur taille, leur branche, apportent un très grand soin. Qu'elles réalisent elles-mêmes cette opération ou qu'elles la sous-traitent totale¬ ment ou partiellement à l'extérieur, le luxe de précautions dont s'entourent alors les entreprises est impressionnant. Le résultat en est que le recrute¬ ment d'un cadre peut prendre entre 6 et 8 semaines et paraît réalisé sui¬ vant une rigueur extrêrtie. Pourtant dès qu'on y regarde d'un peu plus près, les choses ne sont pas aussi simples. En effet, on tombe alors de contradiction en contradiction, du moins en apparence. La question se pose alors de comprendre ces contradictions. Disons dès à présent que nos deux hypothèses d'explication seront les suivantes :
a) L'entreprise dans l'échange qui s'instaure entre elle et les candidats
1. Cet article a, entre autres origines, ma participation en 1979 au groupe de tra¬ vail sur les cabinets de sélection mis en place par le ministre du Travail et de la Parti¬ cipation sous la direction de Mme Neme. Je remercie mes collègues de ce groupe pour les fructueux échanges que nous avons eus. Je remercie également les participants au séminaire du G.S.T. pour leurs remarques et critiques. Il va sans dire que ce texte n'engage que moi. Le rapport de Mme Neme a été publié sous le titre le Conseil en recru¬ tement en France, Paris, ministère du Travail, 1979.
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