SOCIOLOGIE DU TRAVAIL N° 2-85
Michel Chauvière et Bruno Duriez
Couches intermédiaires et syndicalisme extra-professionnel
Depuis quelques années, il est devenu habituel de rapporter les nouveaux mouvements sociaux, et plus généralement le phénomène associatif, aux couches moyennes salariées, et particulièrement aux couches intellectuelles1. De nombreux travaux sur les mouvements sociaux urbains, le consumérisme, le régionalisme ou encore les écologistes nous ont convaincu du poids détermi¬ nant de ces couches moyennes dans la dynamique sociale de la décennie 70 qui ne pouvait mieux se réaliser qu'avec l'arrivée de la gauche au pouvoir en
1981.
Cette liaison statistique, voire causale, pose plusieurs types de problèmes. Tout d'abord on peut se demander dans quelles conditions les observations à la base de cette thèse ont été menées. L'approche microsociale localisée, qui domine la plupart de ces travaux, introduit un biais que les critiques connaissent bien, une sorte d'effet grossissant. S'il n'est pas procédé à sa correction par une approche sérielle ou par une approche comparative, cet effet interdit toute généralisation.
1 Voir notamment D. Mehl, «Culture et action associatives », Sociologie du travail, n° 1,
1982.
Sociologie du Travail. —
0038-0296/85/02 165 11/S 3.10/ © Gauthier-Villars
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