SOCIOLOGIE DU TRAVAIL N° 1-88
Anni Borzèix et Danièle Linhart
La participation : un clair-obscur
Participation directe. Nombreuses sont les formules dites participatives qu'on voit fleurir dans l'entreprise depuis quelque temps, qu'elles portent le nom de groupes d'expression directe, d'îlots de production, de cercles de qualité, de réunions d'échanges, de progrès ou de projet. Il suffit que les salariés soient invités à débattre, en présence d'un représentant hiérarchique ou fonctionnel, de la résolution d'un problème de qualité, du réaménagement de leur espace de travail, des modes opératoires, du choix des matériels ou de l'amélioration des conditions de travail, pour qu'on y voie à l'œuvre l'esprit du participatif.
Les discours abondent, les pratiques sont multiformes. Il y a pourtant une constante : l'absence de clarté dans la définition. Si le «participatif » apparaît à beaucoup comme un remède miracle — la condition indispensable à la fois du progrès social et de la modernisation économique des entreprises françaises — rien n'est moins évident que de savoir ce que cette notion recouvre, dans les consciences comme dans les faits.
Cet article se propose d'indiquer quelques pistes de réflexion sur le phéno¬ mène participatif, tel qu'on peut tenter de l'interpréter aujourd'hui en France, à partir des acquis de la sociologie sur les dimensions contradictoires des activités de production et des identités au travail. Cette lecture s'appuie sur des
Sociologie du travail. —
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