SOCIOLOGIE DU TRAVAIL N° 2-88
Monique Dagnaud et Dominique Mehl
Les gynécologues 2 :
Une profession influente
La profession médicale — et avec elle, la spécialité gynécologique — se présente comme un idéal-type des professions telles que les sociologues anglo-saxons, et notamment Eliot Freidson (1), les mettent en scène. Métiers quali¬ fiés requérant un long apprentissage scolaire sanctionné par un diplôme d'enseignement supérieur; métiers délivrant un «service à la société »; métiers où l'apprentissage, le droit d'entrée et les carrières sont contrôlés par les pairs; métiers protégés par des organisations puissantes qui soudent le consensus du milieu et s'érigent en interlocuteurs des pouvoirs publics; métiers ayant conquis le monopole de l'expertise légitime qui leur assure une certaine protection vis-à-vis du marché et de l'État, même s'ils tiennent leur statut de ce dernier. Toutes ces conditions leur confèrent un pouvoir professionnel fort fondé sur l'autonomie étendue dont leurs membres bénéficient dans l'exercice de leurs fonctions.
En même temps, les médecins partagent le sort commun des professions dans les sociétés modernes. A l'instar des autres spécialistes dotés d'un fort capital scolaire (enseignants, juristes, ingénieurs, cadres administratifs
(*) La Profession médicale, Payot, 1984, et Professional powers, The University of Chicago Press, 1986.
Sociologie du travail. —
0038-0296/88/02 287 14/$ 3.40/ © Gauthier-Villars
287