SOCIOLOGIE DU TRAVAIL N° 4-88

Henri Weber

Cultures patronales et types d'entreprises : esquisse

d'une typologie du patronat

Le monde patronal forme un tout petit milieu — il y a à peine 150000 chefs d'entreprises de plus de 10 salariés sur 21 millions d'actifs. Ce milieu restreint est extraordinairement hétérogène : les entreprises diffèrent par la taille, le métier, la nature du capital (personnel, familial, «actionné », étranger, étatique...), mais aussi par le degré d'autonomie (donneurs d'ordre/sous-traitants, maisons mères/filiales) ; le rapport à l'économie mondiale (secteur concurrencé, secteur protégé, en expansion ou en déclin...); l'origine sociale de son chef ; son capital culturel et relationnel (patron autodidacte, diplômé de l'université, d'une grande école, membre d'un grand corps) ; son identité patronale (patron de droit divin ou «animateur social », malthusien ou expansionniste, moderniste ou conservateur...).

Si bien qu'il est de bon ton de décréter : le patronat n'existe pas, il y a autant de «patronats » que de chefs d'entreprises. Position de toute évidence excessive : s'il n'y avait vraiment aucune unité de cette diversité, comment expliquer la pérennité séculaire des grands lobbies patronaux? Comment expliquer l'organisation unitaire — depuis quarante ans — de l'ensemble du monde patronal dans le CNPF? Il en va du patronat comme du «salariat »

Sociologie du travail. — 0038-0296/88/04 545 22/$ 4.20/ © Gauthier-Villars

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