SOCIOLOGIE DU TRAVAIL N° 4/95
NOTE CRITIQUE
Mireille Clémençon et Laurence Coutrot
La relation formation-chômage France: quelques résultats d'analyse secondaire et bilan bibliographique
La relation formation-chômage a été peu étudiée en tant que telle. L'intérêt s'est surtout porté sur la relation formation/emploi, qui n'en n'est pourtant pas l'inverse. Il est vrai que tout le monde sait, en France, que, malgré les plaintes récentes des diplômés de l'enseignement supérieur, la formation protège dans une large mesure les individus du chômage et du chômage de longue durée. Cette certitude a fondé un discours aussi général que consensuel sur la nécessité d'augmenter le niveau de formation pour tous, qu'ils soient en cours de scolarité, en emploi ou chômeurs. Il nous a semblé utile d'aller chercher derrière ce discours quels étaient les faits qui l'étayaient et les publications qui en rendaient compte. La tâche est aisée en ce qui concerne la formation initiale, dont nous rappellerons cependant les données les plus significatives dans une première section. Notre surprise a été grande de voir la maigreur de notre recherche bibliographique en ce qui concerne les effets des mesures de formation à destination des chômeurs, à croire que le discours n'est qu'idéologie. Dans une deuxième section, nous rendrons compte des évaluations qui ont pu être faites des mesures de formation pour les chômeurs. Nous ne traiterons pas de la formation continue du personnel en place et de son effet éventuel comme protection contre le chômage. Le problème a rarement été posé en ces termes, si bien que les informations sont rares 1 . Nous nous plaçons ici délibérément sur le seul terrain microsocial : quels sont les effets de la formation sur les trajectoires professionnelles des individus, et non ses effets sur les performances économiques des entreprises ou de l'ensemble du pays.
1. Signalons cependant l'article de J.-J. Paul (1993).
Sociologie du travail. -0038-0296/95/04/ $ 4.00 © Dunod
739