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Le miroir de l'islam en France

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Fait partie d'un numéro thématique : Religions d'Europe
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LE MIROIR DE L'ISLAM EN FRANCE

Daniele Hervieu-Léger

Faut-il craindre l'islam ? Présenté sous les couleurs de l'obscurantisme, jugé inadaptable à la société française, l'islam inquiète, d'autant qu'il est aujourd'hui la seconde religion en France. Cette confession, pourtant, présente des signes de modernité et semble s'acclimater à l'Hexagone, au prix de quelques ajustements qui ne doivent pas occulter qu'en France les relations entre la République laïque et la religion catholique, souvent présentées comme un modèle, ont elles aussi résulté d'un processus induit par un rapport de force.

La présence de l'islam en France n'est pas une réalité nouvelle. Il n'est pas nécessaire de rappeler l'importance du fait musulman dans la France coloniale, ni l'implantation ancienne de populations immigrées en provenance des pays d'islam sur le territoire métropolitain. Rappelons seulement que la Mosquée de Paris fut inaugurée en 1926 pour marquer la reconnaissance de la patrie à l'égard des nombreux musulmans tombés pour la défendre en 1914-1918. Jusqu'en 1981, elle fut le symbole officiel et l'institution la plus visible de l'islam en France. Pourtant, tout se passe comme si les Français « découvraient » l'existence de l'islam parmi eux. Cette prise de conscience inquiète est évidemment liée au choc psychologique de la montée des mouvements islamistes dans tous les pays d'islam, et particulièrement en Algérie, pays sensible, par excellence, aux Français.

En diaspora et en république

Mais l'essentiel du phénomène tient avant tout à la transformation, dans ces

trente dernières années, de la condition des immigrés venus du Maghreb pour travailler en France, à la sédentarisation définitive des familles dans le pays d'accueil et à l'arrivée à l'âge adulte de générations d'origine musulmane nées en France \ Pour cette population qui n'a jamais vécu ailleurs, la perspective d'un retour au pays d'origine - à laquelle l'islam appelle en principe tous les croyants vivant en terres infidèles — n'a pas seulement perdu toute plausibilité concrète : elle ne constitue même plus un rêve mobilisateur. C'est dans la condition de l'installation définitive en France que ces musulmans revendiquent de pouvoir vivre leur vie religieuse, s'ils en ont une. La multiplication des salles de prière depuis le début des années 1980 (1 500 environ aujourd'hui), puis la construction de mosquées architecturales, là où vivent des populations musulmanes nombreuses, concrétisent cette stabilisation, tout en donnant à l'islam une visibilité locale fréquemment conflictuelle. La revendication que des carrés musulmans soient aménagés dans les cimetières a une portée symbolique considérable de ce point de vue : en marquant que l'enterrement sur place est désormais le lot de l'immense majorité des musulmans vivant en France, elle signifie aussi l'abandon de la perspective d'un rapatriement ultime dans le pays d'origine et le renoncement à l'inhumation en terre d'islam. La fidélité religieuse doit être mise en œuvre, dans tous ses aspects, au sein d'un pays qui n'est plus « pays d'accueil » ou de résidence temporaire, mais terre natale et espace d'exer-

1. Cf., sur ce processus de sédentarisation, Gilles Kepel, L'islam des banlieues. Naissance d'une religion en France, Paris, Le Seuil, 1987.

Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 66,

avril-juin 2000, p. 79 à 89.

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