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Les juifs de France. Modernité et identité

[article]

Année 2000 66 pp. 91-106
Fait partie d'un numéro thématique : Religions d'Europe
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LES JUIFS DE FRANCE

MODERNITÉ ET IDENTITÉ

Martine Cohen

Le regain de visibilité du judaïsme français depuis les années 1970 est souvent rapporté à l'arrivée massive, quelques années auparavant, de populations issues du Maghreb et qui vivaient leur judaïsme sur un mode communautaire et extraverti. Peut-on s'en tenir à cette explication commode ? La démarche rétrospective proposée par Martine Cohen montre que, si l'ouverture à l'immigration est bien l'une des spécificités du judaïsme français, les manières de négocier une identité collective obéissent à de nombreux facteurs et ne peuvent se réduire à un processus univoque. C'est que, aujourd'hui plus que jamais, il y a de multiples manières d'être juif en France.

Les Juifs de France sont divers dans leurs manières d'être juifs et français. Cela n'est pas nouveau. Ce qui est nouveau, c'est la forte visibilité de cette diversité, qui a déjà fait l'objet de plusieurs analyses sociologiques \ Celles-ci s'accordent globalement pour reconnaître, dans la pluralité des modes d'identification juive repérés aujourd'hui, trois pôles principaux. Le premier est celui de la solidarité avec Israël, qui se serait manifestée fortement et publiquement pour la première fois en 1967 face aux craintes pour la survie d'Israël, mais dont l'importance semble avoir décliné depuis la fin des années 1980. L'intérêt pour les cultures juives du passé et la mémoire de la Shoah constituent le second pôle d'identification. Apparu dans la seconde moitié des années 1970, il se pro-

1. Outre les travaux évoqués plus loin, cf. l'ouvrage synthétique de Michèle Bitton et Lionel Panafit, Être juif en France aujourd'hui, Paris, Hachette, 1997.

longe jusqu'à nos jours, certains auteurs insistant plus sur la mémoire de la Shoah, dont l'importance a été en effet grandissante depuis une quinzaine d'années. Enfin, l'engagement religieux, et notamment celui de jeunes Juifs revenant à l'étude des textes traditionnels et/ou à la pratique, est devenu au cours des années 1980 une troisième manière d'exprimer ou de rechercher son identité juive, les degrés d'engagement étant variables et ne se limitant pas aux formes les plus radicales, socialement plus visibles et fortement médiatisées.

Tous les analystes s'accordent aussi pour souligner la nouveauté de cette situation, marquée par la forte affirmation publique d'une spécificité juive, au plan culturel ou même politique (cf. les débats autour de l'histoire de Vichy et du « devoir de mémoire »), par rapport à une époque antérieure caractérisée par une pratique juive inscrite dans la sphère privée et volontairement discrète. Nous proposions pour notre part de conceptualiser, par la notion de « modèle confessionnel », tout à la fois ce mode ancien de définition essentiellement religieuse de l'identité juive (définition acceptée même par ceux qui ne pratiquaient pas ou peu) et son caractère privé et discret qui impliquait un rapport d'inclusion de l'identité juive dans l'identité nationale française, tandis que la période des années 1970 inaugurait selon nous, pour le moins, une déstabilisation de ce modèle 2.

2. Description plus approfondie des trois pôles et conceptualisation du modèle confessionnel dans Martine Cohen, • Les Juifs de France. Affirmations identitaires et évolution du modèle d'intégration », Le Débat, 75, 1993, p. 101-115 ; « De l'émancipation à l'intégration : les transformations du judaïsme français au xix*-' siècle », Archives de sciences sociales des religions, 88, octobre-décembre 1994, p. 5-22.

Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 66,

avril-juin 2000, p. 91 à 106.

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