L'abolition de la Féodalité dans le pays de Bray (1789-1793)

En étudiant l'abolition de la « féodalité » dans le Pays de Bray, j'ai voulu enrichir, grâce à l'étude d'une réalité concrète, la connaissance de la Révolution française comme révolution anti-féodale. En effet, quand on étudie l'historiographie de la Révolution française, on est toujours frappé par le fait suivant : si la plupart des historiens insistent sur le caractère anti-féodal de la Révolution, rares sont les analyses concrètes du processus d'abolition de la féodalité, la plupart d'entre elles, comme celle de R. Garraud (1), se limitant à l'aspect juridique de la question. Seules émergent quelques belles pages de la thèse de G. Lefebvre (2) ou des monographies comme celles de Ferradou (3) ou de Millot (4). De ce fait, rien ne remplace encore aujourd'hui l'esquisse écrite par Aulard en 1919, La Révolution française et le régime féodal (5). Pour l'instant, seul a été tracé le tableau des jacqueries paysannes par un historien soviétique A. Ado, dans un livre malheureusement non traduit, Le mouvement paysan pendant la Révolution française (6). Mais, si la jacquerie fut une forme de lutte fondamentale, elle ne fut pas la seule.

Pourtant, l'intérêt pour le caractère anti-féodal remonte aux origines mêmes de l'historiographie de la Révolution. Dès le début du XIXe siècle, les historiens mirent en lumière l'œuvre anti-<féodale de la Révolution. Leur but était polémique et politique : il s'agissait pour ces historiens, la plupart du temps libéraux, de poursuivre le combat des « grands ancêtres » contre l'aristocratie, combat qui n'était pas encore terminé sous la Restauration. Mais on sait que les progrès dans la connaissance de la Révolution sont inséparables