Harrisme et kimbanguisme : deux Églises afro-chrétiennes

en Ile-de-France

Deux Églises afro-chrétiennes, le kimbanguisme et le harrisme, se sont installées en France respectivement en 1984 et en 1999, en tant qu'as¬ sociations de loi de 1901. Nous avons cherché à comprendre comment s'organisent ces deux minorités religieuses, comment s'expriment leur rapport à la société d'accueil et leurs liens avec leurs sociétés d'ori¬ gine. En nous rendant dans les lieux respectifs de cultes et de vie de ces deux communautés, nous avons ainsi tenté de saisir la nature des rapports qu'elles entretiennent avec l'environnement, par l'explora¬ tion de leurs expériences et de leurs pratiques religieuses, par la reconstitution de leurs parcours d'intégration, par l'analyse de leurs réseaux de solidarité.

Qu'est-ce que le harrisme ?

Né en 1913, le harrisme tient son appellation de son fondateur William Wade Harris, de nationalité libérienne et de groupe ethnique grébo. Le Libéria était en partie composé d'anciens esclaves, affran¬ chis aux États-Unis, qui avaient manifesté le désir de revenir en Afrique. Ils étaient venus plus ou moins recoloniser les autochtones, engendrant des tensions puisque des colons blancs (britanniques) étaient déjà installés. C'est dans ce contexte que le prophète Harris, qui a reçu une éducation chrétienne chez les presbytériens selon les fidèles interrogés (chez les méthodistes, selon Jean-Pierre Dozon), prend part au soulèvement de son groupe ethnique. Il est alors emprisonné. C'est en prison qu'il reçoit la visite de l'ange Gabriel qui lui demande de répandre l'Évangile. Au sortir de là, William Wade Harris proclame l'Évangile de Jésus et lutte contre la sorcellerie. De son action prophétique est née l'Église harriste, qui est devenue membre du conseil œcuménique de Genève en 1998, avec un effectif

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N° 1239 -Septembre-octobre 2002