La représentation et la connaissance des montagnes du monde: Pyrénées et Caucase au filtre du modèle alpin

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epuis plus de deux siècles, on regarde les montagnes du monde au miroir du massif alpin. De nombreux clichés, intimement liés aux Alpes, se sont trouvés ainsi projetés sur les autres montagnes du globe, depuis Г alpinisme, qui symbolise la puissance spirituelle et physique de l'homme en lutte contre les forces de la nature, jusqu'au célèbre edelweiss alpin — l'emblème floristique de la haute montagne (Guerassimov, Zimina et ai, 1981). Le modèle paysager alpin a «aggloméré» des signes, des symboles, à l'origine associés à un ensemble social et spatial spécifique, mais qui ont ensuite servi de fondement à une représentation « déterri to rialisée » et universalisée des réalités montagnardes (Chadefaud, 1987). Ce modèle alpin, apparu au carrefour d'approches diverses de la montagne (scientifique, artistique, littéraire...) a d'emblée acquis les caractères qui allaient déterminer sa grande souplesse d'adaptation et sa capacité à déterminer largement, à la croisée des regards portés sur les paysages, la représentation du monde montagnard1.

Les grandes composantes du modèle et ses effets contrastés

La référence moderne de la montagne

Comment peut-on définir les principales composantes du modèle alpin ? Ce dernier renvoie d'abord moins à la partie méditerranéenne et orientale du massif qu'aux Alpes septentrionales et centrales, celles où le climat tempéré océanique et continental domine. Ces Alpes qui deviendront l'emblème de la montagne avec un grand M correspondent à une façade humide et nébuleuse, exposée au nord-ouest. C'est là, dans le massif du Mont-Blanc, dans l'Oberland bernois et quelques autres régions appartenant au même ensemble orographique que débuta, à partir du XVIIIe siècle l'exploration des montagnes européennes, mouvement qui allait par la suite s'étendre à d'autres massifs

REVUE DE GEOGRAPHIE ALPINE 2001 №4